65 % des femmes en sont victimes ! Un rapport d’envergure nationale livre des chiffres sur le harcèlement de rue que subissent des milliers d’Américain-e-s tous les jours. Édifiant.
De « Hé chérie » à « sale pédé » ou « espèce de salope », de la violence verbale, aux attouchements, l’association américaine Stop Street Harassment (SSH) recueille depuis 2008 des milliers d’histoires de harcèlements sexuels dans la rue. Le 3 juin paraissait un rapport national exceptionnel réalisé en collaboration avec l’institut de sondage GFK, afin de traduire ces histoires en chiffre.
Ces derniers confirment ce que les témoignages laissaient penser : aux États-Unis le harcèlement de rue est un problème d’envergure. Quel que soit l’âge, l’origine, la catégorie sociale, les orientations sexuelles et la situation géographique, la plupart des femmes on déjà été harcelées dans la rue. C’est également le cas pour certains hommes, particulièrement ceux qui s’identifient comme étant gay, bisexuel, queer ou transgenre.
Pendant deux mois, l’institut de sondage GFK a interrogé 1000 femmes et 1000 hommes représentatifs, de 18 ans et plus. S’ajoutent à cela les recherches conduites par les chercheurs affiliés à l’association Stop Street Harassment sur dix groupes d’individus à travers le pays entre août 2012 et mars 2014.
Hommes… en raison de leur orientation sexuelle
Les résultats sont édifiants. Aux États-Unis, 65 % des femmes ont déjà été harcelées dans la rue. 57 % (soit plus de la moitié d’entre elles) ont été confrontées à des violences verbales, tandis que 41 % ont déjà été physiquement agressées, que ce soit par des attouchements (23%), en étant suivies (20%) ou exposées à de l’exhibitionnisme (14%). 25 % des hommes ont également déjà été harcelés dans la rue, bien souvent en raison de leur orientation sexuelle.
Le rapport souligne également que le harcèlement de rue est un phénomène susceptible de se reproduire de nombreuses fois. 86 % des femmes et 79 % des hommes disent avoir été harcelés plus d’une fois. Les femmes sont toutefois plus susceptibles d’y être soumises quotidiennement.
Près de la moitié des personnes concernées par ce phénomène, hommes comme femmes, avaient déjà été harcelés quand ils ont atteints l’âge de 17 ans
Lorsque cela arrive, deux tiers des femmes harcelées (68%) et la moitié des hommes (49%) déclarent craindre que « l’incident » ne dégénère vers quelque chose de pire. Près de deux fois plus de femmes (25%) que d’hommes (13%) disent s’être senties « vraiment très inquiètes ».
Obligées de changer leur façon de vivre
Le résultat ? La plupart des personnes harcelées dans la rue changent d’une manière ou d’une autre leurs habitudes par la suite. 47 % des femmes et 32 % des hommes se disent « sur leurs gardes » dans la rue après avoir été agressés. Pour les femmes, se déplacer en groupe plutôt que seules est une réaction fréquente (31 % d’entre elles).
Mais le harcèlement de rue n’a pas lieu que sur les trottoirs. Dans 26 % des cas les femmes se font agresser dans des magasins, des restaurants, des cinémas ou des centres commerciaux. Pour 20 % des femmes, les transports en commun peuvent être des lieux à risque.
Dans une majorité des cas cependant, le harceleur est un homme. Se faire harceler par un homme seul est l’expérience la plus fréquente à la fois pour les femmes (70%) et les hommes (48%). Il est également commun de se faire harceler par deux hommes ou plus, comme cela a été le cas pour 38 % des femmes et 25 % des hommes. 20 % des hommes précisent toutefois que leur harceleur était une femme seule.
En cas de harcèlement, la réponse la plus commune en cas de riposte (les victimes, hommes ou femmes, réagissent dans 53 % des cas) est de demander au harceleur d’arrêter ou de partir.
En effet, parmi toutes les personnes interrogées, 91 % d’entre elles restent persuadées qu’il y a des moyens de mettre fin au harcèlement de rue. Organisateurs depuis des années de la semaine contre le harcèlement de rue, les membres de l’association Stop Street Harassment décrivent ce rapport comme « un appel à faire quelque chose ». Parmi les personnes interrogées, 53 % pensent que des ateliers éducatifs dans les écoles et au sein des différentes communautés pourraient changer la façon d’interagir dans l’espace public.
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