L’étude « Trajectoires et Origines » montre que les femmes identifient un peu mieux les discriminations dont elles sont victimes parce que femmes. Enfin !
Comment la perception de diverses discriminations affecte-t-elle l’intégration des individus dans la société ? La deuxième édition d’une vaste enquête sur la diversité de la population en France métropolitaine réalisée par l’Institut national de la statistique (Insee) et l’Institut national d’études démographiques (Ined) apporte des réponses.
Présentée mardi 5 juillet, cette étude intitulée « Trajectoires et Origines 2 » (TeO2) est le fruit d’entretiens menés en face-à-face auprès de 27 200 personnes en 2019 et 2020, autour de cette question : « Au cours des cinq dernières années, pensez-vous avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations ? »
Si l’enquête porte sur les personnes « ayant migré en France ou ayant une ascendance migratoire », elle livre au passage d’intéressantes données sur la perception des discriminations subies par les femmes en raison de leur sexe.
Globalement 19% des personnes interrogées déclarent avoir subi « des traitements inégalitaires ou des discriminations » au cours des cinq dernières années contre 14% dans la première édition de l’enquête en 2008 et 2009. Mais ce chiffre est plus élevé chez les femmes : 21% tandis que les hommes sont 16 % à déclarer des discriminations. Il y a dix ans, les proportions de femmes et d’hommes déclarant des discriminations étaient presque égales, 14 % contre 13 %.
Le sexisme est désormais la première source des discriminations déclarées par les femmes. Elles sont 46% à le mentionner comme premier facteur contre 28% en 2008-2009. Les hommes citent l’origine et la couleur de peau comme premiers facteurs de discrimination.
L’augmentation des déclarations a deux explications probables : une augmentation réelle des faits de discrimination mais surtout une prise de conscience de ces discriminations qui pouvaient jusque là être considérées comme des normes sociales.
Pour les autrices et auteurs de l’enquête, le « phénomène #MeToo a certainement joué. Mieux informées, les femmes ont compris que ce qui était jusque là présenté comme normal relevait de discriminations. Pour Sylvie Le Minez, responsable des études démographiques à l’Insee, cette « sensibilisation plus importante » a permis de changer de regard sur des situations qui pouvaient être discriminatoires dans le passé mais n’étaient pas forcément vécues comme telles.