De nombreux hommages font de « l’homme de culture » un personnage qui « rend fière la France », ignorant la face sombre de Frédéric Mitterrand. De quoi maintenir haut le seuil de tolérance à la « culture du viol » et à l’impunité des agresseurs sexuels.
« Mourir ça efface tout ? Ça nous rend héroïque ? Personne dans ce déluge d’hommages ne pointera du doigt les dérives sexuelles de Frédéric Mitterrand ? Personne ne rappellera son penchant pour les jeunes, les trop jeunes garçons ? Ces hommages me gênent…» s’est insurgé Laurent Boyet, président de l’association Les Papillons et ancien membre de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) sur le réseau X.
Overdose de louanges
A l’annonce de la mort de Frédéric Mitterrand après une lutte de « plusieurs mois contre un cancer agressif », des hagiographies doucereuses ont été postées sur les réseaux sociaux par le président de la République, le Premier ministre ou la ministre de la Culture et par de nombreux ministres et anciens ministres. Ces gouvernants, supposés lutter contre les prédateurs sexuels ont ainsi pu laisser croire que ce personnage « rend fière la France » comme a pu le dire Emmanuel Macron à propos de Gérard Depardieu.
Les journaux, journaux télévisés, radios… consacrent de très longs hommages à « l’homme de culture » tendant le micro à ses amis qui parlent d’un type « adorable », « érudit », « élégant »… Et ignorent ou passent très rapidement sur « son parcours sulfureux » comme Libération…
Ex-ministre de la Culture (sous Nicolas Sarkozy), journaliste, romancier, producteur… Frédéric Mitterrand a écrit avoir fait du tourisme sexuel dans des pays où la prostitution enfantine est monnaie courante. Il a aussi, plus récemment, affiché son soutien à Gabriel Matzneff, l’écrivain pédocriminel…. et à tous les artistes accusés d’agression sexuelle (voir plus bas).
Malaise
Mais des notes dissonantes critiquant ces louanges sont vite apparues, y compris dans le camp présidentiel. « Faire un hommage à Frédéric Mitterand… Non, sincèrement, je n’y arrive pas », a écrit la députée MoDem Maud Petit. Tandis que le sénateur Renaissance Xavier Iacovelli se dit « Mal à l’aise avec tous ces hommages… »
Bien sûr, les féministes et militant.es de la lutte contre la pédocriminalité ont exprimé de la colère. Raphaëlle Rémy-Leleu conseillère de Paris a posté sur X : « Célébrer Frederic Mitterrand c’est tellement indigne. Nous avons des responsables politiques qui glorifient encore (!) un pedocriminel et feront ensuite semblant de s’interroger sur la culture du viol et de l’impunité. »
Quand le journaliste Guillaume Durand dit que la mort de Frédéric Mitterrand le « ravage », une personne sur X lui répond : « Tandis que moi ce qui me ravage c’est l’impunité des crimes sexuels. »
Pour ceux qui ne comprendraient vraiment pas l’ampleur de la « culture du viol » et du système d’impunité, cet extrait de l’ouvrage « La Mauvaise Vie » de Frédéric Mitterrand, publié en 2005 (quatre ans avant qu’il devienne ministre), tourne sur les réseaux sociaux : « La profusion de jeunes garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de réfréner ou d’occulter. L’argent et le sexe, je suis au cœur du système »
En remontant les archives de LesNouvellesNews.fr nous retrouvons quelques épisodes de la vie de Frédéric Mitterrand qui ont contribué à encourager l’impunité des crimes sexuels et la culture du viol.
En 2009, alors que le chanteur Orelsan était dénoncé par les féministes pour ses appels à la haine sexiste et aux violences sexuelles, Frédéric Mitterrand comparait celui qui menaçait de « marie-trintigner » sa compagne à… Rimbaud : LIBERTÉ D’EXPRESSION, CENSURE, INCITATION À LA HAINE : L’APRÈS ORELSAN
En 2010, ministre de la Culture, il se réjouissait de l’impunité de Roman Polanski : POLANSKI LIBRE, DES PÉTITIONNAIRES HEUREUX, UNE VICTIME OUBLIÉE et AFFAIRE POLANSKI : DIVORCE ENTRE LES CITOYENS ET LES ÉLITES