Une tribune d’Isabella Lenarduzzi Entrepreneuse sociétale, experte égalité F/H, diversité et inclusion. Elle dénonce « la falaise de verre » et les généralisations stéréotypées.
« A chaque fois que c’est une femme, elle se plante » voilà ce que j’ai entendu dans le train, dit par une femme d’une quarantaine d’années.
Je ne peux pas être suspectée de sympathie pour l’ex première Ministre Liz Truss, mais quand une personne est attaquée parce qu’elle est une femme, il est important de réagir. L’échec de Liz Truss était annoncé et illustre parfaitement le concept de « la Falaise de Verre », à savoir que quand une femme arrive au pouvoir, c’est souvent par manque de concurrents masculins car la situation est tellement difficile à redresser que la plupart des « insiders » ne vont pas risquer d’échouer. D’ailleurs son dernier concurrent à l’investiture, Rishi Sunak, devenu Premier ministre, était lui aussi un « outsider » par son origine.
Les 3 Premières ministres britanniques étaient dans cette situation: Thatcher est arrivée après deux défaites des conservateurs aux législatives, Theresa May a dû négocier un impossible accord de Brexit à cause des erreurs de David Cameron et enfin Liz Truss devait réparer elle aussi les dégâts de l’irresponsable Boris Johnson associé à la pire situation économique et géopolitique que la Grande Bretagne ait connu depuis longtemps. « Quand les hommes foutent le bordel, les femmes sont appelées à faire le ménage » disait un grand dirigeant d’entreprise lors de la crise financière de 2008.
Non seulement ces femmes arrivent au pouvoir dans une situation impossible mais en plus elles seront jugées plus durement pour les erreurs qu’elles vont commettre. Ce biais de genre a été étudié par plusieurs recherches dont celle de Victoria Brescoll de Yale School of Management. Donc pas de droit à l’erreur dans une mission impossible à réussir… c’est la double peine. Mais ça ne suffit pas! Quand un homme échoue, c’est cette personne qui échoue. Quand une femme échoue, ce sont toutes les femmes qui perdent en légitimité. Une «anecdote » devient « anec -data ».
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