En Espagne, un restaurant voulant proposer cette pratique de repas sur des corps nus a fait scandale. La pratique essaime pourtant en Europe, se revendiquant d’une culture japonaise… que le Japon récuse.
Connaissez-vous le « nyotaimori » ? Cette pratique consiste à manger des plats – des sushis ou sashimi, en l’occurrence – sur un corps nu en guise de table. Un restaurateur espagnol qui comptait la lancer dans son restaurant, dans la région de Valence, s’est attiré une volée de bois vert, rapporte LePoint.fr.
Son projet : « un groupe de clients pourra choisir un homme ou une femme sur le buste duquel (ou de laquelle) il dégustera une sélection de sushis, avant de profiter d’un strip-tease final, le tout pour la somme modique de 40 euros par personne. »
Mais il a dû reculer sous la pression : l’Observatoire de la publicité sexiste (régional) et l’Observatoire de l’image des femmes (national) ont reçu plusieurs dizaines de plaintes. « C’est une pratique dégradante contre la femme, contre l’être humain en général. Un corps n’est pas une chose », a dénoncé la ministre régionale des Affaires sociales. « Nous ne pouvons tolérer, au 21ème siècle, que la femme soit un simple objet de consommation pour attirer des clients », a renchéri l’élue régionale de gauche Marina Albiol.
Son équivalent masculin n’attire pas les foules
Si la table humaine peut être un homme ou une femme, les corps masculins sont rarement mis à contribution. Le terme japonais signifie d’ailleurs ‘présentation sur le corps d’une femme’. « Cette pratique ne se cantonne pas aux femmes mais son équivalent masculin, le Nantaimori n’attire pas les foules », observait CaféBabel qui se penchait en décembre dernier sur la pratique à Rome, où trois restaurants proposent le nyotaimori.
Si elle n’est pas passée en Espagne, la pratique semble se répandre en Occident depuis quelques années, de New-York à Londres, de Montréal à Berlin. Notamment sous l’effet d’un film en salles en 2009, « La carte des sons de Tokyo », où apparaît une scène de nyotaimori.
Et voilà la pratique présentée comme un élément traditionnel de la culture japonaise. Il n’en est pourtant rien, soulignait en 2009 cet article du Japan Times. Et en réaction au succès médiatique de la pratique à Rome, l’ambassade du Japon se fendait même d’une lettre au journal Corriere della Sera, l’été dernier, pour assurer qu’il « n’y a aucune relation entre le nyotaimori et la culture ou les habitudes culinaires japonaises. » Un effet fantasme, avant tout…
