L’humoriste regrette des blagues sexistes mais ne va pas jusqu’à renverser le système qui, dans les médias, broie les carrières des femmes et enjolive celle des hommes.
Ce n’est pas encore le grand mea culpa que les féministes attendent mais une lueur s’allume parfois dans le cerveau de ceux qui propagent le sexisme sur les ondes. Interrogé par Léa Salamé dans « Quelle époque ! » sur France 2 samedi 12 avril, l’humoriste Laurent Baffie, a exprimé des regrets assez clairs à propos de ses blagues misogynes durant des années dans l’émission « Tout le monde en parle » de Thierry Ardisson entre 2000 et 2006.
Des excuses, de la honte !
Mieux : il a pris ses distances avec le boss de l’émission : « On était plus sexiste et machiste, et con. » « Quand je le dis, Thierry déteste ça parce qu’il dit qu’il ne faut jamais s’excuser, mais moi je pense qu’il faut s’excuser quand on fait des erreurs. » Les dominants ne n’excusent pas, ils attaquent à l’infini considérant que l’attaque est la meilleure des défenses.
A 66 ans, Laurent Baffie se montre plus humain, il exprime même de la honte. « L’autre jour, je voyais une compilation de vannes que l’on faisait avec des petites chanteuses… Ce qu’on appelait des proies faibles. (…) Avec Thierry on n’était pas tendres et il y a des choses qui me font honte, oui ».
Une autre époque ?
Mais il invoque aussi « le reflet d’une autre époque ». Une époque où le machisme payait. Il disait qu’il faisait de la « provoc » pour se « faire virer » . Non seulement ça ne m’a pas fait virer, mais ça m’a fait connaître » affirme-t-il. La misogynie était gage de succès à la télévision. « On était comme ça. » Il était applaudi, relayé, programmé. Il aurait pu élargir ses regrets au système qu’il a alimenté et qui a fait de lui une star.
Le machisme s’imposait sans partage avec ses normes, ses ricanements, ses blagues graveleuses. Les féministes ne pouvaient pas encore s’exprimer via les réseaux sociaux et les associations qui, à l’époque se manifestaient auprès des directions de chaînes de télévision étaient regardées avec le plus grand mépris. La médiatisation du féminisme était impossible.
L’époque a un petit peu changé mais il reste tant à faire ! Les carrières des victimes de prédateurs médiatiques ont encore des carrières broyées, tandis que ces prédateurs continuent en dépit des accusations, mises en examen et parfois même condamnations dont ils sont l’objet (lire : Depardieu, Cauet, Caubère, Morandini, Baylet… Pour les carrières de ces hommes, tout va bien). Mais les épiphanies sont assez rares pour être soulignées. (lire : Stars et agresseurs sexuels : la tardive épiphanie des médias )
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