Les filles et les bons élèves des milieux défavorisés font des choix d’orientation peu ambitieux. Une expérience montre qu’en les informant sur leur niveau réel, ils et elles prennent confiance en eux et intègrent des filières prestigieuses.
« Parmi les meilleurs élèves, les filles et les élèves d’origine sociale défavorisée ont nettement moins confiance en eux que les garçons et les élèves d’origine sociale favorisée » et ce déficit de confiance limite leurs choix d’orientation sur Parcoursup. C’est en partant de ce constat que trois chercheur.es de l’Institut des politiques publiques (IPP) ont voulu proposer une solution : une « intervention simple qui informe les élèves sur leur position dans la distribution des notes annule entièrement le rôle joué par la confiance dans les choix d’orientation ».
Une note publiée mercredi 12 juillet, rend compte d’une enquête auprès de 2034 élèves de terminale au cours des trois semaines qui précèdent la date limite de soumission des vœux sur Parcoursup en 2021.
Pour mesurer la confiance en soi, l’écart entre rang perçu et rang réel est calculé. Les chercheur.es ont demandé à ces élèves quelle était leur moyenne générale au premier trimestre de terminale et comment ils se situaient avec cette moyenne sur un axe allant de 0 à 100. « Si un élève se positionne au 73ème rang par exemple, un texte lui indique en dessous “Vous pensez que 27% des élèves ont une moyenne générale supérieure à la vôtre.” »
Résultat : les « bons élèves » ont tendance à se sous-estimer et c’est l’inverse pour les « mauvais élèves ». Parmi les élèves qui ont une moyenne supérieure à 16, les filles se perçoivent en moyenne comme étant situées 8,3 rangs plus bas dans la distribution que les garçons. Et les élèves d’origine sociale défavorisée pensent qu’ils se situent 4,7 rangs plus bas que ceux d’origine sociale plus favorisée. Mais ces différences s’estompent chez les élèves n’ayant pas eu de mention ou une mention plus faible.
L’autocensure est donc très élevée chez les meilleur.es. Ces élèves qui sous-estiment leur niveau font des choix d’orientation moins ambitieux et c’est visible dans les entrées dans les classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE). L’étude établit la corrélation entre confiance en soi, vœux formulés par l’élève et affectation finale : « En moyenne, une sous-estimation de 10 rangs centile dans la distribution nationale réduit de 3,3 points de pourcentage la probabilité de candidater à une CPGE, et réduit de 1,6 point la probabilité d’être admis dans ce type de formation ». Et c’est pire pour ceux qui sous-estiment leur niveau. Pour eux « se percevoir comme étant situé 10 rangs centiles plus bas dans la distribution des notes réduit de 5,4 points la probabilité de candidater dans une CPGE et de 2,8 points la probabilité d’y être admis. »
Pour corriger ces écarts, les chercheur.es ont décidé d’indiquer simplement aux élèves leur position réelle dans la distribution nationale des moyennes générales de terminale. Cette intervention « réduit drastiquement, parmi les meilleurs élèves, les inégalités d’ambition entre élèves d’origine sociale favorisée et défavorisée ». Elle augmente fortement la probabilité que les très bons élèves d’origine sociale défavorisée se portent candidats à une CPGE. L’intervention comble 95% de l’écart entre élèves favorisés et défavorisés admis dans ces filières. Concernant l’écart entre filles et garçons, l’écart est un peu moins spectaculaire, le taux de candidatures en CPGE se réduit de 61% par rapport à l’écart initial, ce qui réduit l’écart dans les taux d’admission de 72%. « Autrement dit, alors qu’en l’absence d’information sur leur rang, les filles ont une probabilité d’intégrer une CPGE qui est 28 points inférieure à celle des garçons, l’écart n’est plus que de 7,8 points lorsqu’elles sont informées sur leur position réelle dans la distribution des moyennes générales de terminale. »
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