… et les photos avec ou sans voile de Sarah Attar. Le malaise des Saoudiennes aux JO, suite.
La Saoudienne Wodjan Shahrkhani restera dans l’histoire des JO de Londres comme la première judokate à avoir combattu avec un voile (plutôt un bonnet, en fait), et non pour ses performances. Celle qui était l’une des deux Saoudiennes à participer pour la première fois aux Jeux olympiques a été sèchement battue, vendredi, dès son entrée dans la compétition. Libération revient sur cette « parodie de combat » et cite ce commentaire d’un entraîneur au bord du terrain : « Cette fille n’a jamais fait de judo de sa vie, ce n’est pas possible autrement. »
Il est donc difficile de croire que la participation olympique de Wodjan Shahrkhani (qui a quitté le tatami « comme un zombie », toujours sous l’oeil de son père et de cerbères) fera avancer la cause des femmes en Arabie saoudite. C’était l’argument de ceux qui plaidaient pour le compromis, face à ceux qui appelaient à bannir le pays des JO (lire : « Justice pour les femmes » : la Charte olympique à l’eau). Au contraire : cette parodie de combat illustre le mépris dans lequel le sport féminin – et les femmes en général – est tenu dans le royaume. C’est aussi le sentiment relayé par le New York Times.
L’autre athlète saoudienne engagée à Londres, Sarah Attar, courra sur 800 m mercredi 8 août. Et elle aura du mal à échapper à la dernière place. Son record est de 2’40 ; à Pékin en 2008, le plus mauvais temps des séries sur cette distance était de 2’30. Elle aussi devrait, en outre, courir voilée. Contrairement à Wodjan Shahrkhani, elle ne serait pas la première à le faire dans cette discipline – la Fédération internationale d’athlétisme autorise le port du voile. Mais était-ce son intention ? En juillet, après l’annonce de sa sélection aux JO, le New York Times notait que la famille de Sarah Attar avait fait retirer les photos qui accompagnaient son portrait sur le site de son université américaine (1). Des photos qui la montraient lors d’une course, en short et tête nue. Le CIO, sur son site, la montre jambes et cheveux cachés. A notre connaissance, l’AFP fait erreur en affirmant qu’elle apparaît « la tête nue sur sa photo officielle des JO ».
Mise à jour, 8 août : Et c’est dans une relative indifférence que Sarah Attar, « couverte des pieds à la tête, la tête dans une cagoule blanche », a fini bonne dernière de sa série du 800m, mercredi 8 aout. L’agence de presse Sipa cite le rédacteur en chef d’un site d’informations sportives saoudien selon lequel elle a montré « à tout le monde et aux autorités religieuses en Arabie saoudite que les femmes dans le sport ne s’opposent pas à la tradition islamique et à la société saoudienne ». Tout en remarquant que la participation de Wojdan Shahrkhani à l’épreuve de judo, « a déplu aux religieux de ce pays très conservateur. Ils ont estimé qu’elle s’était déshonorée en se battant devant des hommes. »
Voir notre dossier JEUX OLYMPIQUES 2012
(1) Sarah Attar possède la double nationalité US et saoudienne. Elle est née et vit aux Etats-Unis.
