
Depuis 2008, les start-ups créées par des femmes n’ont reçu que 2% des fonds levés par les jeunes pousses. En cause : les préjugés des investisseurs.
Une nouvelle fois, le constat est accablant. Pour sa première édition, le baromètre Sista / Boston Consulting Group (BCG) révèle une très grande marge de progrès pour les investisseurs. Le cabinet de consulting associé au collectif Sista a scruté le sexe des créateurs et créatrices de start-ups depuis 2008 : 15,000 start-ups françaises, allemandes et britanniques et plus de 27,500 fondateurs et fondatrices passés à la loupe ainsi que leurs investisseurs.
Premier constat : 85% des start-ups ont été fondées par une équipe 100% masculine, 10% par une équipe mixte… Reste seulement 5% par une équipe composée entièrement de femmes. Et, remarque le BCG, les femmes s’associent souvent à des hommes (61 % des cas) tandis que les hommes restent entre eux : ils ne sont que 9 % à s’associer à des femmes.
Ça peut se comprendre : « en France, les start-ups fondées par des femmes ont, en moyenne, 30% moins de chance que celles fondées par des hommes d’être financées par les principaux fonds de capital-risque» dit l’étude.
Elles sont donc moins nombreuses et plus chichement financées : « en moyenne, les fondatrices reçoivent 2,5 fois moins de fonds que les fondateurs. » La situation s’aggrave à chaque tour financement : « elles ont 40 % moins de chance d’accéder aux séries A (deuxième tour de financement), 80 % moins de chance d’accéder aux séries B (troisième tour) et…100 % aux séries C ».
Et la valorisation des start-ups de femmes est bien moindre que celle des hommes : « une start-up féminine est valorisée 3.4 fois moins qu’une start-up masculine en France après le deuxième tour de financement.
Biais sexistes
Le BCG avance une explication à cette discrimination : « sur les 29 principaux fonds, la moitié ne compte aucune femme parmi leurs partners. » Il est probable que les investisseurs s’identifient plus facilement à leurs semblables et aient envie de les soutenir. Mais ce n’est pas leur seul défaut. Une étude réalisée aux Etats-Unis, observant les comportements de ces investisseurs mettait en évidence un phénomène étrange : aux hommes ils posent des questions sur la réussite de leur entreprise, aux femmes des questions sur les risques qu’elles prennent. Du coup ils se font peur et fuient les entreprises créée par des femmes.
Voir Les questions qui tuent l’entrepreneuriat féminin
Malgré cela, les investissements progressent un tout petit peu pour les femmes, mais à ce rythme-là, si rien n’est fait, il faudra attendre 2090 pour qu’une majorité de jeunes pousses soient fondées ou co-fondées par des femmes en France (l’étude fait état de 21% de start-ups 100% féminines, autant de 100 % masculines et 58% dont au moins l’un des cofondateurs est une femme en 2090).
De quoi renforcer la détermination du collectif Sista, créé il y a presque un an autour d’un un appel pour féminiser les entreprises du numérique. Leur principal message : « Les femmes sont le plus grand réservoir de talents inexploités au monde. »
Le collectif a rédigé une une charte en partenariat avec le Conseil national du numérique Objectif : faire en sorte que, d’ici à 2025, un quart des fonds levés chaque année le soient par des équipes féminines ou mixtes. Cette charte qui veut pousser les investisseurs à chasser les biais inconscients qui leur font mépriser les entrepreneures aurait déjà été signée par une trentaine de fonds français et devrait être présentée le 24 septembre à Bercy.
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