Pauvreté, inégalités et même grande pauvreté… autant de situations à la hausse en France, observe l’ONPES. Et si les filets de protection sociale ont un impact positif, ils ont tendance à s’effilocher.
« Une lente tendance à l’augmentation de la pauvreté en France depuis 2004 ». C’est le constat que dresse l’Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale (ONPES), dans son septième rapport annuel, publié jeudi 29 mars.
Ce constat, dans l’ensemble, s’appuie sur les mêmes chiffres que le rapport gouvernemental sur « l’évolution de la pauvreté en France », publié en octobre 2009. Avec les mêmes nuances, selon la manière de calculer ce qu’est la pauvreté. Mais la vision d’ensemble est plutôt sombre, avec des « évolutions préoccupantes » selon l’ONPES.
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La grande pauvreté au plus haut
La pauvreté monétaire (qui correspond, c’est la norme en Europe, à 60% du revenu médian) concernait en 2009 près de 8,2 millions de personnes en France, soit 13,5 % de la population. Cette hausse de la pauvreté s’accompagne, depuis 2004, d’une augmentation des inégalités entre les deux extrêmes de l’échelle des revenus.
L’ONPES juge notamment « préoccupante » la pauvreté des familles monoparentales, situation qui concerne essentiellement des femmes. Si les femmes seules avec enfant(s) ne représentent que 5% de la population, elles sont trois fois plus nombreuses à cumuler les trois critères de pauvreté (pauvreté monétaire, privations matérielles sévères et très faible intensité de travail.)
Inquiétude aussi en ce qui concerne l’évolution de la « grande pauvreté » (soit 640 euros par mois pour une personne seule), qui a atteint en 2009 son taux le plus élevé depuis 10 ans. Elle touche près de 2 millions de personnes en France.
Les minima sociaux décrochent
Un point positif ? Oui, tout de même. L’augmentation de la pauvreté en France a été « moins marquée » que dans d’autres pays européens, grâce aux filets de protection sociale. Mais l’ONPES se fait plutôt critique sur l’évolution même de ces outils de protection. Car « les minima sociaux liés à la solidarité nationale ne suivent pas l’évolution du salaire minimum horaire » : la baisse est constante depuis 20 ans. Pour les auteurs du rapport, il existe aujourd’hui « une réelle difficulté des minima sociaux à jouer leur rôle dans la lutte contre la pauvreté. »
L’ONPES s’inquiète également du fait que les dépenses de logement pèsent « de plus en plus fortement sur les ménages à faibles revenus », note que la précarité énergétique devient « un phénomène préoccupant. » Et souligne « les difficultés persistantes d’accès aux soins malgré les progrès de la couverture maladie. »