12 fois nommé, son film J’accuse est premier dans la course aux César. Bras d’honneur du cinéma français au mouvement #MeToo.
« Je suis accu… » , « J’accuse », en annonçant la liste des nommés pour la 45e cérémonie des César qui aura lieu le 28 février, la maîtresse de cérémonie, Florence Foresti a plusieurs fois fait le lapsus. Sa bourde résumait bien les contradictions du milieu du cinéma. Sourds aux appels des féministes « pas d’honneur pour les violeurs », ceux qui jugent leurs pairs affirment qu’il faut distinguer l’homme de l’œuvre. Mais ils mettent sur un piédestal celui qui utilise son œuvre pour embrouiller les messages. Avec 12 nominations pour les prochains César, Polanski est en tête des nommés par les 4.313 professionnels qui ont voté. Violent retour de balancier. Lors de la sortie de son film, la promotion avait été atténuée par des appels au boycott.
voir Polanski, est-ce le début de la fin de l’impunité triomphante ?
Une remise en question semblait se faire jour dans les médias et dans le milieu du cinéma. Le mouvement #MeToo, les appels du Collectif 50/50 étaient parvenus à faire dresser quelques oreilles. Au même moment Adèle Haenel racontait sa propre histoire et le milieu du cinéma semblait se ranger de son côté.
voir : Adèle Haenel s’attaque à la responsabilité collective dans les agressions sexuelles
L’homme accusé par Adèle Haenel a été radié de la SRF, Société des réalisateurs de films, et une enquête a été ouverte. Rappelons que, dans le cas de Polanski, une dizaine de femmes l’accusent de viol mais au delà des accusations, il a été condamné par la justice américaine pour avoir drogué et violé une fille de 13 ans. Puis il a fui son pays pour se dérober à la justice. A chaque fois que le milieu du cinéma lui offre un nouvel honneur, les féministes protestent. En 2017, il avait fini par renoncer à présider les César. Avec ces nominations, il tient sa revanche. D’autant qu’il présente lui-même son film comme une revanche en se disant injustement accusé.
Sur Twitter, La Barbe, qui a été pionnière des happenings ironiques contre le sexisme à Cannes, appelle à assister à la cérémonie du 28 février en brandissant une panneau « honneur aux prédateurs. »
Pour les personnes qui sont invitées aux César et décideraient d’y assister, nous tenons à disposition ces panneaux à tenir brandis pendant toute la cérémonie. #polanksi # #honneurauxpredateurs pic.twitter.com/ZGRzWIA2cP
— Alice Coffin (@alicecoffin) January 29, 2020
La mue féministe du 7ème art n’est pas encore de mise. Si le film de Céline Sciamma, Portrait de la jeune fille en feu est nommé 10 fois, le collectif 50 / 50 a compté 24 femmes sur 117 nommés. Sachant qu’il y a 100 % de femmes parmi les 5 nommées dans chacune des trois catégories meilleure actrice, meilleure actrice dans un second rôle et meilleure espoir féminin, il en reste peu dans les catégories mixtes. Celles qui figurent dans la liste sont d’ailleurs souvent associées au film de Céline Sciamma.
Les César 2020 gangrénés par le néo maccarthysme féministe :
Toutes catégories confondues, sur 117 nommés, 24 sont des femmes ! C'est autant de places qu'elles prennent à des hommes ainsi tristement exclus.#metoovatroploin #César2020https://t.co/9vv9b4dWX7— Collectif 50/50 (@Collectif5050) January 29, 2020
Le cinéma français semble donc toujours bien décidé à tendre un miroir sexiste à la société. La liste des nommé.e.s est ici