Roman Polanski aura donc passé seulement 42 jours en prison pour avoir eu des « relations sexuelles » avec une enfant de 13 ans. La Suisse fait savoir ce lundi qu’elle refuse d’extrader vers les Etats-Unis le cinéaste franco-polonais. Une partie du microcosme politique et culturel s’en réjouit.
La ministre de la Justice helvète Eveline Widmer-Schlumpf indique ce lundi que « trop d’incertitudes subsistent concernant la conformité de la requête américaine ». L’homme qui avait quitté le pays pour échapper à la justice américaine il y a plus de 30 ans est donc libre. Les Etats-Unis ne peuvent pas faire appel de la décision.
Depuis septembre dernier, Roman Polanski était assigné à résidence après avoir passé quelques jours en prison. Le cinéaste a reconnu avoir eu, en 1977, des relations sexuelles avec Samantha Geimer, âgée de 13 ans à l’époque, qui affirmait avoir été « droguée et violée » durant une séance photo. Le réalisateur avait plaidé coupable pour « relation avec une mineure », mais avait nié le viol. Une interprétation des faits pour le moins surprenante : une fille de 13 ans droguée peut-elle vraiment être pleinement consentante pour des relations sexuelles avec un homme âgé de 43 ans ?
Presque tout le monde du cinéma derrière lui
Peu importe. Polanski avait reçu le soutien d’une bonne partie du microcosme culturel et politique qui avait pétitionné à tour de bras lors de son arrestation. Il se répandait longuement dans les médias pour se défendre (ci-dessus dans Libération). Seules quelques voix comme celle de Luc Besson avaient invité à un peu de modération devant la gravité des faits reprochés.
Dans un pays comme la France où le viol est un crime puni de 15 ans de réclusion, les soutiens à Polanski se sont pourtant multipliés et les réactions qui accueillent le refus par la Suisse de son extradition confirment la confusion. Bernard-Henry Levy est « fou de bonheur », le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand nage avec lui dans la même allégresse : il a accueilli « avec satisfaction » la décision de la justice suisse et « se réjouit pour son épouse Emmanuelle Seigner, ses enfants et ses amis qui l’ont soutenu avec dignité et détermination au long d’une épreuve où les polémiques les ont profondément affectés ».
Alain Finkielkraut ne s’est pas encore exprimé mais à la vue de cet entretien, on peut craindre le pire. Minimiser la gravité du viol reste un sport très prisé dans les médias.
L’entretien d’Alain Finkielkraut avec Robert Ménard sur Itélé.