« Jeanne du Barry » de Maïwenn offre à Johnny Depp son retour sur grand écran, après des années de procès pour violences conjugales et diffamation.
« Jeanne du Barry » sortira en fanfare le 16 mai prochain, porté par une vaste campagne de communication. Le film de Maïwenn Le Besco fera l’ouverture du prochain Festival de Cannes avec Johnny Depp dans son premier grand rôle dans un film français, ce qui promet une belle montée des marches devant les caméras du monde entier. Le film sort en salle en France le même jour. Cette annonce tonitruante ne doit pas faire oublier que l’acteur a perdu un premier procès en 2020 contre le magazine anglais The Sun qui avait révélé les violences conjugales contre son ex épouse Amber Heard. Le second procès pour diffamation s’est déroulé au printemps dernier à Fairfax, les deux acteurs s’accusant de violences mutuelles au cours d’audiences amplement relayées pendant deux mois sur les réseaux. C’est après avoir été « blanchi » que Johnny Depp s’est envolé pour la France et le tournage de « Jeanne du Barry ». Il y tient le rôle de Louis XV face à Maïwenn qui incarne Jeanne du Barry, dernière favorite du roi.
Ainsi Johnny Depp relance sa carrière quand celle d’Amber Heard est terminée : après sa condamnation à une amende compensatrice d’un million de dollars et une violente campagne de cyberharcèlement (comme l’a révélé l’émission « La fabrique du mensonge » sur France Télévisions en février dernier), l’actrice est réfugiée en Europe sous une autre identité. Quant à Maïwenn, c’est une habituée du Festival de Cannes, où ont été présentés deux de ses précédents films, « Polisse » en 2011 suivi de « Mon Roi » en 2015. Ce regard féminin sur la violence psychologique d’un homme sur une femme dans un couple, a valu à Emmanuelle Bercot le prix d’interprétation féminine.
L’annonce de la projection de « Jeanne du Barry » à Cannes fait déjà polémique. L’association Osez le féminisme a aussitôt réagi sur Instagram : « 5 ans après #metoo le cinéma français défend toujours les agresseurs, prouvant encore une fois qu’il n’écoute pas les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. » Le Collectif 50/50 n’a pas encore réagi officiellement. Les réseaux relaient également une plainte datant du 7 mars dernier du journaliste et cofondateur de Mediapart Edwy Plenel contre Maïwenn, qu’il accuse de l’avoir agressé dans un restaurant le 22 février, lui ayant « saisi les cheveux avec violence lui renversant la tête en arrière et esquissant un crachat sur son visage« . Cette réaction serait liée aux articles du media en ligne sur Luc Besson, réalisateur accusé d’agressions sexuelles, que Maïwenn a épousé à 16 ans. Enfin, l’argent attise la polémique, puisque la réalisatrice française a accédé à un très gros budget pour « Jeanne du Barry » (20,6 millions d’euros, à comparer avec le record de 23,6 millions d’euros du film « Aline » de Valérie Lemercier en 2021). On peut s’en réjouir, sans pour autant oublier que « Jeanne du Barry » est aussi le premier long métrage français cofinancé par la fondation du Red Sea International Film Festival saoudien. Fondation d’un pays dans lequel les femmes ont bien peu de droits et évidemment pas celui de réaliser un film…
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