Depuis une langue neutre, l’outil de traduction de Google attribue des métiers aux femmes et aux hommes de façon stéréotypée. C’est en fait très logique.
Google Translate, l’outil de traduction du géant Google, serait-il sexiste ? Le constat dressé par Alex Shams connaît depuis trois jours un franc succès sur les réseaux sociaux. Cet Irano-américain, auteur et étudiant en anthropologie, part du constat que la langue turque est neutre. Il n’y a pas de « il » ou « elle ». Pourtant, « quand on traduit des phrases turques en anglais avec Google Translate, voilà ce qui arrive : les phrases deviennent genrées ».
Non seulement genrées, mais « sexistes », note Alex Shams, qui montre plusieurs exemples :
Nous en avons traduit quelques uns en français. De fait, docteur et ingénieur sont traduits au masculin, cuisinière et infirmière deviennent féminins. Google Translate s’emmêle un peu les pinceaux avec « secrétaire ». Plus subtil : la travail est associé au masculin, la paresse au féminin.
« Sexiste ? ». Le mot juste est plutôt : stéréotypé. Alex Shams en donne d’ailleurs lui-même la raison :
« Google Translate utilise un algorithme qui effectue ses traductions sur la base d’usages fréquemment observés. Donc, si sa base de donnée comporte 1000 emplois du mot « ingénieur » et qu’il s’agit surtout d’hommes, il le traduit au masculin ». De la même façon, il choisira « infirmière » plutôt qu’ « infirmier ».
Morale de l’histoire : « Google Translate amplifie les préjugés qui existent dans notre société (…) La technologie, comme toute chose, est ce que vous en faites – et la façon dont nous l’utilisons renforce de fait les inégalités et les stéréotypes qui nous entourent ».
Ce constat n’est pas nouveau, et est « bien connu des spécialistes » de l’intelligence artificielle, relevait par exemple Le Monde au printemps dernier. Une étude publiée dans la revue Science montrait ainsi comment une technologie de machine learning (apprentissage machine) « reproduit les biais humains, pour le meilleur et pour le pire ».
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