En opposant la danse au foot, la publicité Volkswagen ne lutte pas vraiment contre les stéréotypes
Une grande marque de voitures soutient financièrement le football féminin… on n’ose à peine la critiquer. Pourtant, quand Volkswagen fait connaitre son sponsoring dans différentes pub pour encourager le foot féminin, son message est bien maladroit voire contre-productif.
Les visuels montrent des jeunes filles en tutus de danse… Mais elles ne dansent pas, elles font semblant de jouer au foot. Un plongeon de gardienne, un mur devant un tir, des hourras pour un but, les gestes sont clairs. Mais sans ballon ni terrain de sport. Les accroches disent : « le seul sport 100 % masculin c’est la misogynie » ou « tout n’est pas joué parce qu’on est une fille » ou encore « dans le foot, être une fille pourrait être un détail. »
Dominique Crochu, qui a été la première femme nommée « Directrice » à la Fédération Française de Football (en charge du web et du digital: 2002-2012) milite pour le développement de la place des femmes dans le sport. Elle n’est « pas fan de cette publicité pour plusieurs raisons. « Est-ce qu’on ne renforce pas les stéréotypes en voulant les dénoncer ? » demande-t-elle. Car en voulant valoriser le foot, cette publicité dévalorise la danse et présuppose une hiérarchie dans les sports. C’est tellement « caricatural » de supposer que les filles font de la danse et pas du foot que c’est déjà, « dépassé » et « suranné » juge-t-elle.
Mieux vaudrait une pub positive qui permettrait aux joueuses en herbe de s’identifier aux Bleues actuelles. « Les exemples, les rôles modèles sont des atouts plus puissants pour casser les stéréotypes. C’est le rêve qui suscite l’envie, la passion » explique Dominique Crochu. Encore faut-il que les Bleues soient vues dans les médias, ce qui commence à être timidement le cas (voir : France-Islande : 4,3 millions de Français ont regardé la victoire des Bleues) Encore faut-il que les médias parlent d’elles sans les caricaturer. Et là encore, il y a des progrès à faire tant les commentateurs du sport sont friands de réflexions sexistes (voir par exemple :Rio 2016 : l’épreuve des commentaires sexistes)