Parce qu’il y a autant de manières de vivre un cancer du sein qu’il y a de femmes, deux dessinatrices partagent leur vécu en BD. Deux albums qui lèvent le voile sur la réalité du cancer du sein, qui touche encore plus de 60 000 femmes par an en France.

Punk à sein de Magalie Le Huche
Magalie Le Huche est punk dans l’âme, dans la santé comme dans la maladie. En 2018, alors que la dessinatrice bûche sur un projet de bande dessinée sur son groupe favori les Beatles, le diagnostic tombe : cancer du sein. À 39 ans, son monde bascule. « Qu’est-ce que je n’ai pas bien fait ? », se demande-t-elle. Elle se remémore alors son rapport à ses seins, qu’elle n’a pas toujours aimé voir pousser pendant l’adolescence ou encore le regard dérangeant que posait les hommes sur elle à cet âge. Rapidement, les médecins lui annoncent qu’on devra lui retirer un premier sein, puis le deuxième. Pour s’en sortir, pour rester vivante, la dessinatrice mélomane s’accroche aux rythmes qui la font vibrer. Au détour d’un spectacle animé par ses filles, Magalie se prend de passion pour le groupe punk The Clashs, et plus précisément pour son chanteur : Joe Strummer, qui lui apparaît parfois dans ses grands moments de doute, d’angoisse mais aussi de colère. Un autre fantôme lui rend visite : sa grand-mère qui, presque au même âge, a eu un cancer du sein, sans trop jamais en parler. Magalie, elle, veut parler de ce qu’elle traverse et sortir de la solitude. Ce soutien, elle le trouve auprès de « ses copines de cancer ». Hyper coloré, cet album merveilleusement punk revalorise la colère féminine et célèbre la sororité.
Les trois tomes de La Guerre des Tétons de Lili Sohn
« Le cancer, ça pue du cul ! », résume Lili Sohn dans sa BD autobiographique La Guerre des Tétons. Diagnostiquée à 29 ans, l’autrice féministe fait partie des 10% de cas de cancer du sein chez les femmes de moins de 35 ans. Quelques jours seulement après son diagnostic, elle décide de partager, d’abord sur un blog dessiné puis en BD, ses anecdotes et scènes du quotidien avec la maladie. Son but ? « Transformer le caca en paillettes », écrit-elle. Dans ce journal de bord, Lili Sohn démystifie le premier rendez-vous chez sa gynéco, le déroulé de sa biopsie et les différentes étapes de son traitement, de la chimiothérapie aux effets secondaires. Elle lève aussi le voile sur les réactions de ses proches lorsqu’elle leur annonce son cancer. Lili Sohn aime aussi dédramatiser sa maladie et en rire. Elle organise un enterrement de vie de cheveux et pendant les soirées, elle ne boit pas d’alcool, on la soupçonne d’être enceinte ou d’avoir raté un défi « tête rasée ». En dévoilant son intimité, Lili Sohn espère aussi sensibiliser au dépistage, pour que les femmes n’attendent pas avant d’aller « checker leurs boobs ».
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