Sans surprise, une étude de l’Ifop montre que les femmes rentrent de vacances fatiguées, bien plus que les hommes. Lesquels semblent pourtant conscients de cette différence.
Nous sommes en 2023. Et quand l’IFOP, pour le site Bons plans Voyage NewYork, mesure la fatigue des vacanciers et vacancières à leur retour, les résultats montrent que la société n’évolue pas du tout vers l’égalité des sexes.
Les hommes reviennent en forme, les femmes épuisées. Repos et décrochage pour eux. Charge mentale, travail domestique, organisation de la vie des enfants pendant et après les vacances pour elles. Elles attaquent le mois de septembre « dans un état physique et psychologique plus dégradé que leur conjoint ».
70 % des femmes en couple hétérosexuel se disent fatiguées à la fin des vacances contre 56 % des hommes. Plus stressées aussi (53%) que les hommes (39%). Dans les couples avec enfants, le stress des femmes est le double de celui des hommes (56 % contre 28 %)
Et les hommes reconnaissent volontiers cette inégalité. Ils sont deux fois plus nombreux (56%) que les femmes (28%) à reconnaitre qu’ils se sont plus reposés que leur conjointe durant les vacances. Et, plus les conditions de séjour sont exigeantes, plus la différence est grande. Lorsque les couples avec enfants séjournent dans une résidence qui leur est propre, 67% des hommes contre 34% des femmes se sentent reposé.es. Et bien sûr, la difficulté à se reposer durant les congés est beaucoup plus forte pour les femmes des milieux modestes
La répartition genrée des tâches demeure. Si les hommes s’occupent du barbecue et de la conduite, les femmes font tout le reste. 69% se sont occupées du linge contre à peine 11% des hommes, 47% prennent en charge le ménage contre 10% des hommes. Côté cuisine, la préparation du plat principal a incombé très nettement aux femmes (48%, contre 28% des hommes). Le barbecue sauvant un peu la situation puisque 51% des hommes contre 25% des femmes s’en sont occupés.
Dans les couples avec enfants, ce sont les femmes qui font les valises des bambins (71%, contre 12% des pères), entretiennent leur linge (72%, contre 13%) préparent leurs repas en cas d’activités extérieures (53%, contre 17%). « De même, elles se sont beaucoup plus occupées (46%) que leur conjoint (13%) du suivi éducatif. La seule activité partagée à part égale entre hommes (16%) et femmes (19%) est une activité ludique – valorisées comme des bons moments parents-enfants -, à savoir le fait de jouer avec les enfants », écrivent les auteurs de l’étude.
Et ce n’est pas tout, il faut gérer le retour de congés. Et là encore, dans les couples avec enfants, les femmes vont prendre en charge la majorité des corvées. Valise, linge, achat des fournitures scolaires, inscriptions à diverses activités, recherche de mode de garde… Les pères semblent être aux abonnés absents.
« Appréhender les vacances sous le prisme du genre permet de montrer que la trêve estivale ne remet pas en cause les modèles conjugaux et familiaux inégalitaires, voir même qu’elle les aggrave. Pourquoi ? Parce que si l’activité professionnelle d’une femme légitime une répartition du travail domestique plus égalitaire, les moments d’inactivité comme les vacances favorisent un retour en arrière à son rôle « naturel » : s’occuper avant tout de ses enfants et de son foyer. » commente François Kraus, Directeur du pôle “Genre et sexualités” à l’IFOP.