Tête de liste PS-Place-Publique aux élections européennes 2024, Raphaël Glucksmann a conclu un débat télévisé en dénonçant le refus des médias d’aborder les questions de politique féministe.
« À chaque débat télé, nous demandons que soit abordée la question du droit des femmes en Europe. A chaque fois on nous dit ‘à la fin si on peut’. Et à chaque fois il n’y a pas le temps. Donc j’ai volé le temps aujourd’hui sur BFMTV » a réussi à dire le député européen, candidat PS-Place-Publique aux élections européennes 2024 Raphaël Glucksmann à la toute fin d’un débat sur la chaîne d’info en continu dimanche 14 avril.
Une parole très forte qui, sans surprise, n’a pas été reprise par les autres grands médias… Dans les coulisses des journaux à forte visibilité, la question des droits des femmes est méprisée. Et donc, ce droit n’avance pas. Au sein des partis politiques, ce sujet est rarement prioritaire et les médias, qui sont un quatrième pouvoir, ne mettent pas la question au programme des débats. La plus puissante arme contre les droits des femmes est cet obscurantisme.
Le féminisme, passager clandestin des médias
Raphaël Glucksmann a été obligé de faire de ce sujet, qui devrait être central en politique, un passager clandestin dans un débat. Mais manifestement, il n’a pas ébranlé les certitudes des médias quant à la hiérarchie des sujets abordés. Sur le plateau de BFMTV, le journaliste qui animait le débat, Benjamin Duhamel, a réagi à la conclusion du candidat en bredouillant : « oui, il y a d’autres sujets qui auraient pu être abordés »… « non honnêtement tous ceux qui nous ont regardés là pourront considérer que… » on ne saura pas quoi. « Mais c’est à chaque débat ! » intervient Raphaël Glucksmann. Et le journaliste de se défausser : « personnellement, c’est la première fois que vous débattez ici et pour le coup, bon heu moi je n’ai pas trop d’ancienneté… Vous avez eu l’occasion d’en parler…»
Dans l’article que le site de BFMTV a consacré aux points importants du débat, la question féministe n’est pas abordée…
Ce camouflage de la question féministe par les grands médias et grands partis politiques est aujourd’hui contourné grâce à Internet qui permet à d’autres discours de se faire entendre, mais via des médias et réseaux sociaux moins puissants que des journaux nationaux.
Les féministes votent !
Les candidats qui refusent de voir que le féminisme est un sujet politique risquent quelques revers. Une note de la fondation Jean Jaurès produite par le chercheur et directeur de l’Observatoire de l’opinion, Antoine Bristielle, observe par exemple que, sur 100 électeurs.trices ayant voté pour Emmanuel Macron en 2022 et tenté de voter pour Raphaël Glucksmann en 2024, 60 sont des femmes.
Et la note met en évidence une corrélation (qui peut être aussi causalité) entre les engagements féministes des électrices et le renoncement au vote pour le parti présidentiel.
« En même temps» féministe et masculiniste
Les multiples sorties masculinistes du président de la République qui adoube des misogynes en disant que Depardieu rend fière la France ou en décorant Michel Sardou ou Thierry Ardisson ne vont probablement rien arranger. Emmanuel Macron ne peut pas convaincre « en même temps » les féministes avec sa grande cause et envoyer des signaux de complicité avec les masculinistes. Il ne peut pas convaincre les féministes de la jeune génération. Cependant la montée du masculinisme a de quoi inquiéter.
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Les candidats aux élections européenne seraient pourtant bien inspirés de mettre la question féministe au cœur de leurs préoccupations. Comme le dit Raphaël Glucksmann, il faut s’engager sur l’égalité salariale, la lutte contre les violences, la clause de l’Européenne la plus favorisée, mais aussi inscrire une perspective féministe dans toutes les décisions politiques. Plusieurs décisions européennes qui auraient pu renforcer les droits des femmes sont passées sous les radars de l’actualité laissant perdurer le mépris pour cette cause dans l’opinion.
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