Première ministre remerciée, aucune femme à la tête d’un ministère régalien, des ministres femmes déléguées ou surchargées… Avec le nouveau gouvernement, la grande cause nationale du quinquennat a du plomb dans l’aile.
![](https://www.lesnouvellesnews.fr/wp-content/uploads/2024/01/remaniement.jpg)
Après l’éviction d’Elisabeth Borne et la nomination de Gabriel Attal à la tête du gouvernement, il aurait été judicieux, pour respecter la grande cause nationale du quinquennat -l’égalité femmes hommes-, que les plus gros ministères reviennent à des femmes. Pour l’exemple.
Raté ! Le nouveau gouvernement, annoncé le 11 janvier, donne un grand coup de frein à la marche vers la parité. Tous les ministères dits régaliens, ceux qui sont du ressort exclusif de l’État, sont tenus par des hommes. Gérald Darmanin reste ministre de l’Intérieur, Bruno Le Maire ministre de l’Économie, Éric Dupond-Moretti est toujours garde des Sceaux et Sébastien Lecornu ministre des Armées. En outre, Stéphane Séjourné, secrétaire général du parti Renaissance, succède à Catherine Colonna au ministère des Affaires étrangères.
L’ex-ministre et actuelle directrice générale d’Oxfam Cécile Duflot a fait des recherches : aucune femme à un ministère régalien, ça n’était pas arrivé depuis 1995. C’était les « juppettes » 12 ministres et secrétaires d’Etat. Et 9 d’entre-elles ont été débarquées 6 mois plus tard.
Dans le nouveau gouvernement Attal, sur les 14 ministres et ministres délégués, sept sont des femmes. Aucun homme n’est ministre délégué alors que c’est le cas pour trois femmes : Prisca Thévenot, porte-parole du gouvernement, Marie Lebec, ministre chargée des relations avec le Parlement, et Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.
Si deux femmes ont de très gros ministères. Pas sûr que ce soit un cadeau. Catherine Vautrin (Horizon, présidente du Grand Reims), se trouve à la tête d’un grand ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. Et Amélie Oudéa-Castéra, qui était ministre des Sports et des Jeux Olympiques devient aussi ministre de l’Education nationale. Pourront-elles réussir sur tous les fronts ? Beaucoup ont vu dans le départ d’Elisabeth Borne la confirmation du «glass Cliff » – falaise de verre. Un phénomène connu depuis une étude britannique de 2005 : les femmes sont davantage promues lorsque les entreprises sont en crise. En haut de la falaise elles ne ménagent pas leurs efforts mais finissent inéluctablement par chuter. Les deux ministres qui se voient confier d’énormes portefeuilles connaîtront-elles le même sort ?
Enfin la nomination de Rachida Dati, ministre de la Culture, est l’événement le plus commenté de ce remaniement. Une sorte de rideau de fumée cachant mal le recul de la place des femmes. Et contre toute attente, c’est Alice Coffin, conseillère EELV de Paris qui s’est réjouie de cette nomination. « J’attends que Rachida Dati continue de faire ce qu’elle sait faire : user de son verbe pour mettre les hommes hors d’état de nuire. » A-t-elle déclaré jeudi soir sur France Info. Elle ne voit pas d’autres femmes capables d’affronter le patriarcat au gouvernement.
La route est encore longue pour les femmes et le président de la République envoie de plus en plus de signaux montrant qu’elles ne devront pas compter sur lui. Son soutien à Depardieu ayant marqué une rupture. Emmanuel Macron avait, fin décembre, désavoué sa ministre de la Culture et sa grande cause. Rima Abdul Malak, voulait retirer la Légion d’honneur à Gérard Depardieu. Il a dit qu’il n’en était pas question et a présenté Depardieu comme une victime d’une chasse à l’homme. La ministre n’a pas été reconduite.
La nomination des secrétaires d’Etat la semaine prochaine ne devrait pas corriger la domination masculine du gouvernement Attal.
« En prenant mes fonctions, j’avais adressé un message à toutes les petites filles, en leur disant d’aller au bout de leurs rêves » rappelait Elisabeth Borne en passant le relais à Gabriel Attal « Je pense que mon parcours démontre que quelle que soit son histoire, tout est possible. Mais, j’ai aussi pu mesurer qu’il reste du chemin pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Alors, je le dis à toutes les femmes : tenez bon. L’avenir vous appartient. »