Le patron du Nouvel Obs, qui a racheté Rue89, lui a demandé de quitter le syndicat professionnel de la presse en ligne. En cause : des vues divergentes sur le financement des journaux.
Pas facile de réinventer la presse. Pionnier de la presse en ligne en France, co-fondateur en 2009 du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (SPIIL, dont les nouvelles NEWS font partie), Rue89 quitte ce syndicat professionnel. La décision a été prise par Claude Perdriel, patron du Nouvel Observateur, qui est également devenu en 2012, actionnaire à 100 % de Rue89.
Le SPIIL et le Nouvel Observateur ont des vues opposées sur le financement de la presse par l’Etat et sur une éventuelle « taxe Google ». Dans son récent « Manifeste pour un nouvel écosystème de la presse en ligne« , le SPIIL conteste la forme prise par les aides de l’Etat à la presse et se prononce pour « une réorientation radicale de l’allocation des ressources du secteur ». Dit plus brutalement : revoir les subventions venant pallier les difficultés de modèles économiques à bout de souffle et les orienter vers des investissements d’avenir. Autre divergence : un groupe d’éditeurs, dont le Nouvel Observateur fait partie, le Syndicat de la presse nationale, réclame une « taxe Google » qui serait redistribuée aux journaux en ligne. Le SPIIL est opposé à un système de taxe qui conduirait les journaux à faire la course au référencement… et à la médiocrité. (Voir : Taxe Google, pour sauver ou uniformiser l’info ?)
Le prix de la liberté d’informer
Ce nouvel épisode le montre : l’information, la liberté d’expression ont un coût. Rue89 avait décidé de faire supporter ce coût par la publicité. Malgré l’arrivée de plusieurs investisseurs, le site d’information a préféré s’adosser à un groupe présent sur d’autres supports. D’autres ont fait des choix plus heureux : compter sur les abonnements, comme Médiapart ou Arrêt sur images. Le premier a dépassé son point d’équilibre et est aujourd’hui bénéficiaire, avec 60 000 abonnés. Le second, avec un peu moins de 30 000 abonnés, était légèrement bénéficiaire en 2011.
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