
Bruno Sido. Capture d’écran Public Sénat
Comme prévu, le débat parlementaire sur le « binôme paritaire » a été l’occasion de dérapages misogynes.
Bingo ! On s’attendait à des échanges enflammés au Sénat à l’occasion de l’examen du texte instituant des binômes femme/homme dans les cantons pour l’élection des futurs conseillers départementaux.
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Et d’entrée de jeu le débat a produit des échanges musclés. La parité est une « obsession sexuelle collective », a estimé le sénateur UMP Christophe Béchu. Un « gadget », renchérissait l’UDI Hervé Maurey. « Est-ce que la parité doit se mesurer au 50/50 ? » demandait même Béchu…
Tandis que l’UMP Bruno Sido préconisait de ne rendre cette mesure effective que le temps d’une mandature : « Six ans après, on pouvait laisser le binôme mais en n’imposant plus la stricte parité puisque les femmes auront pu faire leurs preuves. »
La veille au soir, Christophe Béchu se fendait de cette histoire : « Soit cette scène dans un hôtel de New York. Une jeune femme aux formes avantageuses s’approche d’un buffet et avisant Albert Einstein lui déclare : “Ayons des enfants ensemble ! Imaginez qu’ils aient votre intelligence et ma beauté !” Einstein lui répond :“Et si c’était l’inverse ?” C’est à quoi revient le scrutin binominal ! » (« Exclamations et rires à droite », relate le compte-rendu des débats).
Paroxysme atteint quand la socialiste Laurence Rossignol a pris la parole et a déploré « un débat terriblement régressif ». Bruno Sido lâchait alors : « C’est qui cette nana ? ». Réplique immédiate de la sénatrice qui lui attribuait « la palme du misogyne beauf ».
Un peu plus tard, l’UMP Gérard Longuet jouait la carte de la bienveillance bonhomme en déclarant : « Nous savons, en province, que ce sont les femmes qui gèrent les maisons et les budgets et donnent les grandes directions.» (Le même, interpellé par La Barbe en 2008, se défendait ainsi d’être sexiste : « Je suis marié avec une femme, ce qui est encore assez fréquent, j’ai quatre filles et une mère, et quand j’ai un chien, c’est une chienne. »)
Le Parti socialiste n’a pas manqué cette occasion pour dénoncer dans un communiqué « un véritable festival de misogynie de la part des sénateurs UMP »… et pour ironiser : « Il est vrai que l’égalité entre les femmes et les hommes ne figure pas, et loin de là, dans les préoccupations de l’UMP comme en témoigne le nouvel organigramme de sa direction » (ce que nous relevions ici).
Evidemment, le débat n’a pas manqué non plus la référence à la bataille du « mariage pour tous ». Avec un jeu de miroir entre gauche et droite, dans l’hémicycle et jusque sur Twitter. « Curieux, au Sénat les socialistes se battent pour une stricte parité pour les cantonales mais pas pour mariage », tweetait ainsi le sénateur vendéen Bruno Retailleau. En miroir, Laurence Rossignol se fendait de ce tweet : « Le scrutin binominal, ça fait un papa et une maman pour chaque canton. Et pourtant la droite est contre ! »
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