« Ça skie comme un mec » dit un commentateur des JO. Quelques jours plus tôt, l’exploit de Rafael Nadal au tennis soulignait l’éclipse des exploits des sportives. Une mauvaise médiatisation préjudiciable pour la pratique du sport par les femmes.
Alors que Jaelin Kauf, qui allait emporter la médaille d’argent en ski de bosse, bataillait sur la piste, le premier commentaire sexiste le plus remarqué des Jeux olympiques d’hiver 2022 est tombé : « Ça skie comme un mec » a lâché le skieur acrobatique Guilbaut Colas, vainqueur de la Coupe du monde 2011 devenu chroniqueur sportif. D’autres remarques ont pu être entendues à l’antenne comme « pour une fille c’est vraiment impressionnant » ou « c’est une figure dure à faire pour une fille » ou encore « bonne technique pour une fille » (sur France3 ici vers la 58ème minute)
Rose Lamy, qui vient d’écrire « Défaire le discours sexiste dans les médias » (JC Lattès 2021) et tient le compte « Préparez_vous_pour_la_bagarre » sur Instagram a isolé l’extrait sur twitter.
Jaelin Kauf remporte la médaille d’argent en ski de bosses aux jeux olympiques.
Les commentateurs sur @France3 : « ça skie comme un mec ! » pic.twitter.com/Ogn3086FGh— Rose La Mims (@preparezbagarre) February 6, 2022
Sur Instagram, elle appelle les internautes qui s’indignent en très grand nombre, à faire un signalement au CSA.
Une semaine auparavant, l’extraordinaire tennisman Rafael Nadal remportait sa 21ème victoire en grand Chelem. Et la presse ne tarissait pas de superlatifs saluant un exploit, une première dans l’histoire du tennis. Beaucoup ont affirmé que le joueur espagnol était « détenteur du record de titres en Grand Chelem ». Alors, plusieurs internautes, qui ont bien moins de visibilité que ces couvertures presse, ont rappelé que trois joueuses avaient emporté plus de victoires que Rafael Nadal en grand Chelem : Steffi Graf a en obtenu 22, Serena Williams 23 et Margaret Smith 24. Le journal Marie-Claire a réalisé un diaporama pour illustrer ce pan oublié de l’histoire du tennis.
L’histoire est toujours écrite par les vainqueurs et pour la médiatisation du sport, le vainqueur c’est l’homme. Et, il l’a décidé, l’étalon c’est l’homme.
En sport comme sur bien des sujets, dire à une fille ou une femme qu’elle fait aussi bien qu’un homme ou qu’elle est un garçon manqué est un compliment. Dire à un garçon qu’il fait « comme une fille » le dévalorise. En 2014, une vidéo très émouvante demandait à des petites filles et à des petits garçons de courir comme une fille et ils se mettaient à courir de façon ridicule… (lire Comme une fille) . Le (mâle)traitement médiatique des sportives est délétère.
Même quand les épreuves sportives sont paritaires comme les JO, même quand les médias font des efforts pour médiatiser les sportives (voir ci-dessous), il se trouve toujours des journalistes pour insinuer que le sport n’est pas un terrain de jeu pour les femmes, qu’elles n’y ont pas leur place. Quand les médias ignorent les sportives de haut niveau ou les font passer pour une sous-catégorie d’athlètes, ce n’est pas sans conséquence sur la pratique du sport ou plutôt la non pratique du sport par la moitié féminine de l’humanité. C’est pourquoi il ne faut rien laisser passer.
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