Sept ans après des dépôts de plaintes, la voie est ouverte : Tariq Ramadam est renvoyé devant la Cour criminelle de Paris pour viols sur trois femmes.
« Après sept longues années d’attente, de souffrance et de combat, je vais enfin avoir droit à ce procès que j’attendais désespérément. Une étape cruciale dans ce combat judiciaire que je mène depuis 2017 vient d’être franchie. » : C’est le début d’un message posté sur X par Henda Ayari, la première a avoir porté plainte contre le prédicateur Tariq Ramadam, pour « des faits de viol, d’agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation ». Il aura donc fallu sept ans pour que celui qui se présente comme un islamologue suisse, épuise tous les recours pour échapper à un procès en France.
Un long parcours
La Cour de cassation a en effet rejeté mercredi 9 octobre, les pourvois formés par Tariq Ramadan, ce qui rend définitif son renvoi en procès pour viol aggravé et viols sur trois femmes entre 2009 et 2016.
Le 27 juin dernier, la cour d’appel de Paris avait ordonné un procès mais l’accusé avait contesté cette décision devant la plus haute juridiction judiciaire française et demandé un non-lieu général. La Cour de cassation ne pouvait pas lui donner raison puisqu’elle se prononce sur le respect du droit et non sur le fond.
Concernant le fond, c’est après six ans d’enquête que deux juges d’instruction avaient ordonné le renvoi de Tariq Ramadan pour des viols sur quatre femmes le 7 juillet 2023.
Un procès va donc avoir lieu devant la Cour criminelle de Paris après un long parcours fait de batailles judiciaires, de cyberharcèlement et de menaces pour les accusatrices.
Malgré la gravité des faits dont il était accusé, le prédicateur a continué, un certain temps, à avoir une vie publique sereine. (lire : Protestations contre une nouvelle tribune offerte à Tariq Ramadan)
Condamné en Suisse
Le long chemin vers un procès a pourtant été très médiatisée à l’heure de #MeToo, les plaignantes décrivant des relations sexuelles particulièrement brutales. Mais l’islamologue, avait d’abord nié la contrainte, puis fini par admettre mi-2018, des « relations adultères » empreintes « de domination », rudes qu’il prétendait « consenties ». Ce fut un tournant dans ce dossier.
Dans l’ordonnance initiale de renvoi en procès, les plaignantes ont relaté des relations sexuelles brutales : «La main qui tient et force la tête, le bras qui empêche de bouger ou de se retourner, le poids du corps, le regard de fou, les paroles de domination et de soumission, les ordres, les gestes, cette attitude pour imposer les pénétrations»
Le procès qui s’annonce en France a un précédant. Fin août, en Suisse, le prédicateur a été condamné à trois ans de prison, dont un ferme, pour viol et contrainte sexuelle en 2008. Mais il peut encore exercer un recours : il a saisi le Tribunal fédéral suisse, cour suprême de la Confédération.