L’injection d’une molécule rend les souris mâles stériles, sans effet secondaire et de façon réversible. Un grand pas vers la pilule contraceptive pour les hommes, mais la patience reste de mise.
Des chercheurs états-uniens ont réussi à bloquer temporairement la fertilité de souris mâles, sans effet sur la production d’hormones. Leurs résultats ont été publiés le 17 août dans la revue scientifique Cell. L’injection régulière de la molécule JQ1 permet de bloquer la protéine BRDT, qui agit sur la production de sperme et la mobilité des spermatozoïdes.
Sur l’homme, ce serait un énorme progrès par rapport aux techniques étudiées jusque là, qui cherchaient à agir sur les hormones, progestérone et testostérone. Ce qui impliquait des effets secondaires, notamment sur la libido.
Les effets de la molécule JQ1 ne produisent, selon les résultats, aucun effet secondaire. Ils n’affectent pas le niveau d’hormones. Par ailleurs, le traitement est tout à fait réversible. Après quelques mois sans traitement, les souris étaient de nouveau fertiles. « Nous pensons que nos découvertes peuvent être complètement transposées à l’homme, offrant une stratégie novatrice et efficace pour la contraception masculine », assurent les chercheurs.
« Convaincu que les hommes l’attendent »
Toutefois, cette molécule « est encore loin des tests cliniques sur l’homme, et plus loin encore des étagères des pharmacies », note William Bremner, un scientifique qui n’était pas impliqué dans cette étude et se dit « convaincu que les hommes attendent » un tel moyen de contraception. Quelques années d’attente en plus, après tout… Nature, une autre revue scientifique, rappelle qu’au début des années 70 les chercheurs imaginaient que la pilule masculine était à portée de main. « On n’a pas découvert de contraceptif masculin réversible depuis l’invention du préservatif il y a des siècles », constate encore William Bremner.
En mai dernier, des chercheurs écossais avaient ouvert une autre piste, qui reste à creuser, en identifiant chez des souris un gène impliqué dans le développement des spermatozoïdes. Ils y voyaient là aussi « une information importante pour permettre le développement de contraceptifs masculins ».
Pour l’heure, les seuls moyens de contraception à la disposition des hommes sont le préservatif et la vasectomie, qui est efficace à 99% mais irréversible.