Le nouveau film du cinéaste iranien est une magnifique métaphore sur les conditions des prisonniers politiques de son pays. Une fois de plus, les femmes y sont des héroïnes à part entière.
A la suite d’une rencontre fortuite, un garagiste, Vahid enlève celui qu’il croit avoir reconnu comme son bourreau dans les geôles iraniennes. Mais il n’en est pas certain : quatre autres personnes vont le rejoindre dans la fourgonnette où le bourreau est assommé. Les voici lestés de ce fardeau encombrant et d’une seule essentielle question : faut-il se venger, au risque de se tromper de cible ? Le voyage de la fourgonnette se transforme en thriller polémique entre les protagonistes, émaillé de moments burlesques et absurdes. Le cinéaste Jafar Panahi a été interdit de tourner en Iran, emprisonné par deux fois, mais il continue de filmer avec ténacité (y compris « Ceci n’est pas un film » alors qu’il était enfermé chez lui) et reste vivre à Téhéran malgré le danger.

Les femmes au cœur des films de Jafar Panahi
Le cinéaste dénonce la dictature de la société iranienne, en mettant tout particulièrement en valeur les personnages féminins : « Le Cercle » (2000) suivait trois femmes tentant de survivre après leur sortie de prison, « Hors jeu » (2006) racontait la ténacité d’une jeune fille essayant par tous les moyens d’assister à un match de football malgré l’interdiction faite aux femmes de rentrer dans les stades. Les héroïnes des films de Jafar Panahi sont toujours celles qui portent les entraves les plus lourdes. Dans la fourgonnette d’« Un simple accident » deux anciennes prisonnières font partie du voyage. L’une, en robe de mariée, avec son mari en smoking, veut d’abord oublier. L’autre, une photographe, apparait sans voile, une véritable prise de risque dans un film iranien. C’est peut-être même la première fois. Shiva (la comédienne Maryam Afshari) est celle qui mène le jeu et affronte seule son bourreau les yeux dans les yeux. C’est une des scènes les plus fortes du film. Les deux comédiennes ont monté les marches du festival de Cannes sans voile, puis Maryam Afshari (arbitre de karaté dans le civil) n’a pas pu retourner à Téhéran. Ces deux femmes sont les symboles du mouvement « Femmes vie liberté » né en 2022, un grand espoir pour le réalisateur : « Pour le cinéma ça a changé quelque chose de fondamental ». Depuis sa Palme d’or à Cannes, « Un simple accident » représentera la France aux Oscars, car l’Iran n’y présente pas officiellement de film – surtout une œuvre aussi politique – et grâce au producteur français, Philippe Martin, des films Pelléas.
« Un simple accident » de Jafar Panahi (1h41, France-Luxembourg-Iran), avec Vahid Mobasheri, Maryam Afshari, Ebrahim Azizi, Hadis Pakbaten, Majid Panahi. Produit par les Films Pelléas, distribué par Memento. En salles le 1er octobre 2025
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