« Elle m’a provoqué… », « Elle l’a cherché… », Le viol est un crime très particulier : dans l’esprit du violeur mais aussi parfois de l’entourage et de la victime elle-même, le coupable se transforme en victime et vice-versa. D’où ces chiffres : 75 000 viols par an sur des plus de 18 ans, une femme sur 10 seulement porte plainte, 2% des violeurs sont condamnés… « La honte doit changer de camp » dit la campagne réalisée par trois associations.
Les chiffres sont accablants : 75 000 viols par an sur des femmes de plus de 18 ans… 10% seulement portent plainte. Et il manque, dans ces statistiques de l’INSEE, les viols sur mineures. Le décalage entre le chiffre des viols et celui des plaintes et des condamnations est immense.
Imaginerait-on la même chose pour toute autre forme de crime ou de délit ? Quand une personne se fait voler son portefeuille, la culpabilité s’abat sur le voleur. Dans le cas du viol, c’est l’inverse. La victime se sent tellement coupable qu’elle n’ose pas porter plainte.
Les associations ont choisi, en un premier temps, de faire témoigner des femmes, un peu à la manière des 343, qui s’étaient réunies pour dire qu’elles avaient avorté et qu’il fallait en finir avec le tabou de l’avortement.
Ni l’endroit où se trouve une femme, ni l’heure à laquelle elle sort, ni sa tenue vestimentaire, ni la relation qui la lie à son violeur ne justifie qu’une femme subisse un viol. D’ailleurs la campagne insiste sur un point : le viol n’est pas majoritairement le fait d’individus détraqués surgissant d’une rue sombre. Dans 8 cas sur 10, la femme connaissait son violeur avant qu’il ne l’agresse.
Sur le site de « Contre le viol », les témoignages affluent, s’ajoutent aux chiffres, pour confirmer ce que répètent les initiatrices de la campagne : le viol n’est pas le fait de quelques hommes isolés. C’est un phénomène de société qui s’explique par le discours ambiant sur la culpabilisation des victimes.
Pour inverser le message, trois films ont été réalisé par Patric Jean, auteur du film « La domination masculine. » Campagne d’affichage et de sensibilisation sont en route dans toute la France. Mais il reste encore à améliorer les moyens donnés à la police, à la justice, à la médecine, à redoubler de prévention dans les milieux scolaires… La tâche est encore immense pour que la honte change définitivement de camp.
FILM 1 : au bureau, durée
FILM 2 : dans le hall d’entrée
FILM 3 : à la maison
FILM 4 : spot intégral