215 policiers et gendarmes mis en cause, 429 victimes : une enquête de Disclose dévoile un bilan effrayant de violences sexuelles qui auraient été commises par les forces de l’ordre entre 2012 et 2024.

Disclose publie une enquête accablante sur les violences sexuelles commises par des membres des forces de l’ordre en France et publie ce travail en partenariat avec L’Oeil du 20 heures (France 2) : « 429 victimes déclarées de violences sexuelles commises par les policiers et gendarmes, entre 2012 et 2025. Des femmes en majorité (76 %), mais aussi des hommes (6 %) et des mineur·es (18 %). ». Pour constituer cette « première base de données sur les violences sexuelles perpétrées par des forces de l’ordre » le média d’investigation a recueilli « une trentaine de témoignages de victimes, interrogé des avocat·es et des policiers, consulté plus de quarante procédures judiciaires et exploré une décennie d’archives de presse. »
Ils s’attaquent aux plus vulnérables
Les victimes sont collègues de travail, plaignant·es ou gardé·es à vue… Bien sûr, ils s’attaquent aux plus vulnérables : femmes venues déposer plainte pour violences conjugales, personnes exilées et handicapées cherchant protection, personnes prostituées… Et les femmes policières et gendarmes représentent près de la moitié des victimes recensées dans la base de données.
Les fonctionnaires agresseurs « sévissent également au moment précis où elles se trouvent à leur merci : en garde à vue, au dépôt d’un tribunal, lors d’un contrôle routier ou d’une interpellation. » Disclose raconte le cas d’une femme venue déposer plainte contre un mari violent : « Pour la rassurer, le policier se lève, fait le tour du bureau, la prend dans ses bras, puis… descend progressivement les mains sur ses fesses. Manon essaye de s’enfuir, mais le policier « bloque la porte, lui attrape la tête, sort son sexe en érection et force la fellation », relate Emmanuelle Franck, l’avocate de la jeune mère de famille. »
Des fonctionnaires rarement sanctionnés
Les agresseurs sont policiers ou gendarmes. Et les procès contre ces fonctionnaires sont très compliqués. Disclose précise d’ailleurs que cinq des policiers et gendarmes mis en cause sont toujours en poste, malgré une condamnation pour violences sexuelles. L’un d’eux, Thierry B., un commandant de police condamné en 2023 pour harcèlement sexuel sur une femme venue porter plainte pour violences conjugales, exerce toujours au commissariat de Montreuil.
Les sanctions sont très légères. Par exemple, « Du côté de la gendarmerie, en 2023, ils sont trois à avoir été radiés sur un total de 46 hommes sanctionnés pour violences sexistes et sexuelles, d’après les données issues de l’inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). Les autres ont reçu un blâme ou quelques jours d’exclusion. » Les sanctions sont peu dissuasives et tellement légères que, selon les chiffres de Disclose, « 21 % des fonctionnaires signalés à leur hiérarchie ou condamnés pour des faits à caractère sexuel ont récidivé »
Disclose a tenté de faire réagir le ministère de l’Intérieur. Le sujet ne semble toujours pas être prioritaire. Appelé à se prononcer sur l’absence de directive pour prévenir ces violences sexuelles, « le ministère de l’intérieur se contente de répondre qu’ »une enquête est ouverte dès que l’administration a connaissance d’une plainte pour des faits de violences sexuelles ». Mais dans les rares cas où la hiérarchie se décide à agir, les sanctions sont dérisoires. De l’aveu même du ministère de l’intérieur, les radiations sont exceptionnelles. »
Pourtant, les forces de l’ordre sont supposées être formées et sensibilisées depuis le Grenelle des violences conjugales en 2019 mais manifestement la grande cause des quinquennats d’Emmanuel Macron n’a pas ruisselé.
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