Trop de romanciers aux États-Unis ? Wikipédia crée une catégorie « femmes romanciers américains » qui les invisibilise dans les palmarès des romans.
« Wikipedia’s Sexism », c’est le titre d’un billet énervé de la romancière américiane Amanda Filipacchi publié dans le New York Times de dimanche dernier. Elle a remarqué il y a quelques jours que les éditeurs bénévoles du site sortaient, une par une, les femmes de la catégorie “American Novelists”, « romanciers américains » pour les cataloguer dans la sous-catégorie “American Women Novelists”, « femmes romanciers américains », celles dont les noms commencent par A ou B ayant été les premières exclues avec 300 autres.
Du coup, la catégorie « romanciers américains » comptait 3 837 auteurs, et les quelques cent premiers étaient presque exclusivement des hommes. Ainsi exclues de cette catégorie, les femmes n’étaient plus traitées à égalité dans le monde littéraire.
Explication de l’éditeur : la liste des « romanciers américains » était trop longue, il fallait créer des sous-catégories.
Syndrome de la Schtroumpfette
Dans un premier billet sur le site web du New York Times, Amanda Filipacchi a suggéré de créer une sous-catégorie « hommes romanciers américains » et a prévenu d’autres romancières. Mal lui en a pris. Illico, les rédacteurs se sont jetés sur sa page Wikipédia et ont apporté des modifications, effaçant des liens vers des interviews de l’auteure ou autres commentaires de ses romans. Et bien sûr le lien vers l’article du New York Times fut supprimé. Les rédacteurs ont aussi ajouté une bannière en haut de sa page indiquant que certains éléments devaient être vérifiés… Mais ils venaient eux-mêmes de supprimer des sources.
Puis quelqu’un a remis les sources supprimées. Et les éditeurs de Wikipédia les ont enlevées à nouveau ! En 24 heures, il y a eu 22 changements sur sa page. Jusque-là, il y en avait eu 22 en quatre ans. Après ces péripéties, elle a pu revenir dans la catégorie « romanciers américains » avec d’autres femmes, mais elle ne sait pas si ça va durer.
Wikipédia, serait donc à son tour atteint du syndrome de la Schtroumpfette. Comme dans les bandes dessinées des Schtroumpfs, les hommes peuvent avoir diverses caractéristiques ou engagements tandis que les femmes sont priées d’incarner le féminin et de se définir seulement par le fait d’être des femmes. Ils sont la norme, elles sont ghettoïsées.