Le projet d’Agenda 2030 pour le développement durable, contrairement aux précédents Objectifs du Millénaire, évoque la question de la violence de genre, de l’accès des femmes à la propriété et du partage des responsabilités domestiques.
Ce sont 17 objectifs, décomposés en 169 cibles, qui constitueront l’Agenda mondial pour le développement d’ici à 2030.
Les représentants des Etats membres de l’ONU sont parvenus dimanche 2 août à un accord sur le projet de document final, qui doit encore être formellement adopté en Assemblée générale en septembre.
> Voir la liste complète des 17 objectifs et 169 cibles (en anglais)
Cet « Agenda 2030 pour le développement durable » – surtitré « Transformer notre monde » – est appelé à remplacer les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), qui étaient au nombre de 8, et ont été remplis à des degrés divers.
> Voir sur Les Nouvelles NEWS : « Objectifs du Millénaire pour le Développement : dernier bilan avant nouveau départ »
Cet accord « annonce un tournant historique » pour la planète, s’est félicité le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. L’objectif pour 2030 est plus qu’ambitieux : éradiquer l’extrême pauvreté et promouvoir la prospérité et le bien-être des peuples, tout en protégeant l’environnement.
Selon le document les Etats membres s’engagent ainsi, « d’ici à 2030, à mettre un terme à la pauvreté et à la faim partout dans le monde ; à combattre les inégalités entre les pays et en leur sein ; à bâtir des sociétés pacifiques, justes et inclusives ; à protéger les droits humains et à promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles ; et à assurer la protection durable de la planète et de ses ressources naturelles ».
L’égalité des sexes au cœur du programme
Le document souligne que « la prise en compte systématique d’une perspective de genre dans la mise en œuvre de l’Agenda est cruciale. » Tandis que « l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles » est l’un des 17 objectifs. Neuf cibles y sont précisées. A commencer par :
Mettre fin, dans le monde entier, à toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles.
Les précédents Objectifs du Millénaire ne faisaient « aucune référence à l’élimination de la violence envers les femmes et les filles » et oubliaient « d’autres questions fondamentales, comme l’accès des femmes à la propriété et le partage inégal des responsabilités domestiques », déplorait ONU Femmes. Oublis réparés. Ces cibles figurent dans le nouvel Agenda :
– Éliminer de la vie publique et de la vie privée toutes les formes de violences faites aux femmes et aux filles, y compris la traite et l’exploitation sexuelle et d’autres types d’exploitation ;
– Éliminer toutes les pratiques préjudiciables, telles que le mariage des enfants, le mariage précoce ou forcé et la mutilation génitale féminine ;
– Faire une place aux soins et travaux domestiques non rémunérés et les valoriser, par l’apport de services publics, d’infrastructures et de politiques de protection sociale et la promotion du partage des responsabilités dans le ménage et la famille, en fonction du contexte national ;
– Entreprendre des réformes visant à donner aux femmes les mêmes droits aux ressources économiques, ainsi qu’à l’accès à la propriété et au contrôle des terres et d’autres formes de propriété, aux services financiers, à l’héritage et aux ressources naturelles, dans le respect du droit interne.
D’autres cibles concernant spécifiquement les femmes dans le cadre d’un autre objectif, dans le domaine de la santé :
– Réduire le taux de mortalité maternelle à 70 décès pour 100 000 naissances. Entre 1990 et 2013, ce taux est passé de 380 à 210 pour 100 000 naissances. Un progrès, certes, mais deux fois plus faible que celui fixé par les OMD pour 2015 : une diminution de 75%.
– Assurer un accès universel aux services de santé sexuelle et reproductive. Cet objectif figurait déjà dans les OMD pour 2015. Mais des dizaines de millions de femmes dans le monde n’ont toujours pas accès à la contraception.
Signaux contraires
Il faudra surtout, pour atteindre ces nouveaux objectifs, et pour « transformer notre monde », que les Etats tiennent leurs promesses. En particulier en matière de financements. La France est ainsi très loin de tenir celle de consacrer 0,7% de son revenu national brut à l’aide publique au développement.
En juillet, la troisième conférence sur le financement du développement, à Addis Abeba, a élaboré un « programme d’action », diversement apprécié. Il prévoit notamment une augmentation des ressources de l’aide publique au développement allouées aux femmes et un soutien accru aux institutions de promotion de l’autonomisation des femmes.
Mais fin juillet, un collectif d’associations dénonçait les coupes opérées par le gouvernement en 2015 dans les programmes de santé mondiale, « signe que la santé et le développement ne sont plus des préoccupations du Quai d’Orsay ». Ces restrictions visent entre autres l’accès à la planification familiale dans les pays en développement, affectant 470 000 femmes.