Le projet de loi de finances 2016 prévoit une nouvelle baisse de l’aide française au développement. Une baisse continue depuis 5 ans, à l’encontre des belles promesses. Les ONG s’insurgent.
Quelques jours seulement après l’adoption, à l’ONU, de nouveaux objectifs de développement pour 2030, la France ne concrétise pas les promesses. Loin de là. Dans le projet de loi de finances pour 2016, présenté mercredi 30 septembre, les crédits affectés à l’aide publique au développement (APD) sont encore en baisse, pour la cinquième année consécutive : 2,62 milliards d’euros prévus pour 2016, contre 2,8 milliards en 2015.
« Nous sommes abasourdis », a réagi Friederike Röder, directrice France de l’ONG ONE, « Le budget 2016 présenté par le gouvernement va complètement à l’encontre des annonces faites par le Président de la République il y a encore à peine 2 jours à New York. » François Hollande s’était en effet engagé devant l’ONU, lors de l’adoption des Objectifs de développement pour 2030, à « montrer l’exemple » et augmenter de 4 milliards d’euros par an l’aide publique française au développement … à partir de 2020.
Les 170 millions d’euros de baisse dans le budget 2016 « sont pourtant vitaux, ils pourraient financer des traitements antirétroviraux pour 500 000 personnes séropositives et des vaccins pour plus de 2 millions d’enfants », souligne Friederike Röder
Ces 2,62 milliards inscrits dans la ligne budgétaire ne représentent en fait qu’une partie de l’aide au développement, qui passe également par des annulations de dettes.
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Au total, l’APD française s’élevait à 10,6 milliards de dollars en 2014. Mais ce total aussi est en baisse régulière depuis cinq ans. Après avoir atteint 0,5% du RNB (revenu national brut) en 2010, l’aide au développement n’en représentait plus que 0,36% en 2014… alors même que la France, comme l’ensemble des pays riches, s’était engagée en 2005 à porter cette part à 0,7% en 2015. Au final, son engagement est plus faible que dix ans plus tôt.
L’ONG Oxfam dénonce également une « contradiction totale » entre les belles paroles de François Hollande et les chiffres du budget. De mauvais augure à deux mois de la COP 21, la conférence sur le climat de Paris, remarque Christian Reboul, responsable de plaidoyer Financement du Développement à Oxfam France :
« La France était justement attendue sur la crédibilité de ses annonces new-yorkaises, en particulier sur le climat. Si la répartition plus précise de l’aide au développement amputée n’a pas encore été dévoilée, il est à craindre que, contrairement à ce que déclarait François Hollande à New York, ‘faire davantage pour le climat’ signifie bien ‘faire moins pour le développement’ ».
Face à la polémique, les chiffres pourraient toutefois évoluer. Le Premier ministre a assuré mercredi 30 septembre sur France Inter qu’un amendement permettrait, lors du débat parlementaire, une augmentation du budget de l’aide au développement, « qui sera équilibrée par des économies sur d’autres secteurs ».
Une vingtaine de député.e.s de la majorité ont de leur côté, publié une tribune pour réclamer que « le projet de loi de finances pour 2016 acte une augmentation de l’aide publique au développement de la France, avec l’objectif de reprendre une trajectoire ascendante vers les 0,7%. »
« Nul doute que les parlementaires, très mobilisés lors du précédent budget, se saisiront de cet enjeu pour rappeler le gouvernement à ses responsabilités en tant que 6ème puissance économique mondiale, acteur majeur de la vie internationale, et hôte de la future COP21 », conclut Oxfam.
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