L’absence de réalisatrice en compétition avait fait polémique en 2012. Il y en aura… une en 2013.
« Le rêve de l’homme de pouvoir n’est-il pas de tout faire pour que la critique de son action reste lettre morte? » Cette petite phrase signée Thierry Frémeaux s’appliquait à l’invitation faite par le Festival de Cannes 2013 à des dessinateurs de presse et caricaturistes. Le patron du festival international du film est quant à lui resté sourd aux vives critiques dont il a été la cible un an plus tôt : aucun des 22 films en compétition pour la Palme d’or en 2012 n’était réalisé par une femme (Voir : Cannes : le syllogisme du mépris).
Dans la sélection 2013 des films en compétition, dévoilée jeudi 18 avril par Thierry Frémeaux, figurent 18 réalisateurs… et une seule réalisatrice : Valeria Bruni-Tedeschi, pour Un Château en Italie. Une féminisation a minima, donc, pour cette sélection officielle. Interrogé à ce sujet par Charlotte Pudlowski de Slate.fr, le président du festival a utilisé les mêmes arguments que l’année précédente : « Nous ne préjugeons pas la qualité [des oeuvres sélectionnées] en fonction de ce qu’elles sont faites par des hommes ou des femmes ». Concluant : « On va recommencer, nous nous y attendons, à polémiquer sur ce sujet-là. »
Autre sujet de polémique possible : la présence de Roman Polanski en compétition. Le réalisateur, Palme d’or en 2002 pour Le Pianiste, qui n’a jamais répondu devant la justice des relations sexuelles qu’il a eues avec une enfant de 13 ans en 1977, signe son retour à Cannes avec La Venus à la Fourrure, annoncé comme « une comédie sado-masochiste ».
Des signaux positifs (?) tout de même
La section ‘Un Certain Regard’ de la sélection officielle est bien davantage équilibrée : outre Sofia Coppola avec The Bling Ring en ouverture, on y compte 5 réalisatrices (dont la française Claire Denis pour Les Salauds) pour 9 réalisateurs. Une sélection censée mettre en avant un cinéma « atypique »… Ce à quoi La Barbe réagit dans un communiqué : « Un certain regard pour les femmes, aux hommes la vision (et la sélection) officielle. »
On savait par ailleurs depuis février que Jane Campion (la seule femme à avoir jamais reçu la Palme d’or, en 1993 pour La Leçon de Piano) présidera le jury des courts métrages et de la Cinéfondation. Depuis sa création en 1998, ce jury n’avait été présidé que par des hommes.
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