Solutions locales pour un désordre global est dans les bonnes salles dès ce mercredi soir. Optimiste, constructif, joyeux, lucide, sans concession. Le film de Coline Serreau est à l’image de la réalisatrice, qui n’a pas eu assez d’1h53 pour tout dire à partir de ses 170 heures de tournage. Tout sur un nouveau modèle de société à bâtir.
Les idées, les solutions locales, les analyses qu’elle a enregistrées au fil de ses rencontres sont aussi dans un livre qui doit paraître chez Acte Sud prochainement et dans l’entretien qu’elle nous a accordé.
Le film (la bande annonce)
Le constat, c’est fait !
La crise écologique, le dérèglement climatique, la confiscation des sols par quelques industriels… Tout cela a fini par être dénoncé, non sans mal. Et maintenant… “Le premier acte de résistance, c’est de faire son jardin » dit Pierre Rabhi pionnier de l’agriculture biologique. Comme ce n’est pas possible pour tout le monde, se développent aujourd’hui les AMAPs (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), ou les paniers paysans… Voilà pour une première solution en France. Faute de quoi, « bientôt avant de se mettre à table, plutôt que de se souhaiter bon appétit il faudra se souhaiter bonne chance ! » dit Pierre Rabhi.
Partout dans le monde, paysans, philosophes, économistes expérimentent et proposent des alternatives crédibles. Les actes de résistance se multiplient et le film nous guide sur les pas de ceux qui réinventent cette agriculture humaine. Leurs « solutions locales » sont à la portée de tous et éclosent dans la bonne humeur.
C’est la grande force de Coline Serreau : dénoncer sans prendre de pincettes et réinventer avec le sourire
Si ce nouveau film ressemble plus à un documentaire qu’à une fiction, il reste dans le style de la cinéaste engagée. Connue du grand public pour « Trois hommes et un couffin » où elle révélait un autre regard sur la paternité, elle a toujours réalisé des films franchement militants : de « Mais qu’est-ce qu’elles veulent ? » en 1976 à « Chaos » en 1996 qui dénonce les trafics de prostituées. Elle a également tourné plusieurs films pour Amnesty International. « La belle verte », en 1996 invitait déjà à une réflexion sur l’écologie, toujours avec un humour chaleureux. Mais dit-elle « il n’a rencontré le public que bien après sa sortie ». Souhaitons que « Solutions locales pour un désordre global » touche plus rapidement ses contemporains.
L’interview
Coline Serreau s’exprime sur un point qui revient souvent à l’écran dans la bouche de l’économiste Serge Latouche, des ingénieurs agronomes Claude et Lidya Bourguignon ou de la physicienne Vandana Shiva : l’équilibre entre hommes et femmes est essentiel à ce modèle de société en devenir. « Les femmes doivent prendre le pouvoir, la moitié du pouvoir» affirme Coline Serreau… Voire plus. La compétition économique, la course aux profits, « faire pipi plus loin que le voisin » comme le dit Serge Latouche, c’est peut-être bien parfois pour développer l’économie, mais il faut aussi revoir les priorités et faire bon usage des ressources de la nature. Et là dessus les femmes sont championnes. Mohammed Yunus, le fondateur de la première institution de microcrédit observe que l’argent prêté aux femmes profite au développement de la famille, de l’agriculture et de l’économie locale. Alors il faut oublier les enfantillages de la compétition économique destructrice et retrouver la raison nous dit Coline Serreau. « La richesse apportée par les femmes, on ne la compte pas dans la richesse d’un pays, dans son PIB. On pénalise même les femmes qui apportent pourtant les richesses essentielles ». Pire : elles sont massacrées. La réalisatrice parle de génocide de femmes.