La part des femmes dans les CA du CAC 40 dépasse désormais 30 %. Mais les plus de 400 autres entreprises concernées par les quotas devront redoubler d’efforts pour atteindre le seuil de 40% fixé par la loi pour 2017.
Le seuil symbolique des 30% est dépassé. La proportion de femmes dans les conseils d’administration (CA) des entreprises du CAC40 atteint désormais 30,3%, selon les chiffres dévoilés le 5 juin par le cabinet Ethics&Board.
Cela représente une hausse de 2 points en un an. Et presque un doublement en 4 ans. Dans le groupe élargi des entreprises du SBF 120 , la progression est de 3 points, pour atteindre 28,8%.
La ministre des Droits des femmes « se félicite de ces résultats qui attestent de la réussite de la stratégie choisie par la France qui a fixé des quotas pour les entreprises de plus de 500 salariés et de plus de 50 millions de chiffre d’affaires. »
« Un risque de ne pas parvenir au taux de 40 % en 2017 »
Reste que les résultats des plus grandes entreprises ont tendance à enjoliver le tableau. Car ce sont en tout plus de 500 entreprises qu sont concernées par la loi, et devront atteindre le seuil de 40% d’administratrices en 2017. Et au-delà du SBF120, « les entreprises connaissent très mal les obligations d’égalité professionnelle auxquelles elles sont soumises », admet le ministère.
Ainsi, si en 2012 la part des femmes dans les CA du CAC40 approchait déjà les 25%, celle dans les 400 sociétés de moindre importante ne passait pas la barre des 20%. C’est ce que relevait alors le cabinet Gouvernance & Structures.
Dès lors, « même si les résultats intermédiaires sont satisfaisants, il y a un risque de ne pas parvenir au taux de 40 % en 2017 », relève le ministère des Droits des femmes. C’est déjà ce qui disait craindre Marie-Jo Zimmermann, l’initiatrice de la loi, début 2013 (Voir : Quotas dans les CA : de la prise de conscience à la mauvaise conscience ?). D’ici cette date de 2017, ce sont encore « près de 1 000 administratrices que les entreprises vont devoir recruter ». Pour les y aider, le gouvernement met en avant la plateforme internet administratrices.femmes.gouv.fr.
Course contre la montre
Les progrès des CA français sont à mettre en regard avec ceux réalisés outre-Manche. Ce sont deux visions politique qui s’affrontent. Si la France met en avant la contrainte législative des quotas, la Grande-Bretagne met en avant l’autorégulation des entreprises, et entend prouver que cela fonctionne aussi, afin de contrer la pression européenne pour des contraintes légales (Voir : Législation ou volontarisme ? La féminisation des CA vue de Londres et Berlin). La part des femmes dans les Conseils d’administration des 100 principales sociétés britanniques (le FTSE100) est passée de 12,5% en 2011 à 20,7% en mars 2014. De quoi espérer atteindre l’objectif fixé outre-Manche, certes moins ambitieux qu’en France : 25% de femmes administratrices à la fin 2015.
Progrès limités dans les instances exécutives
Au-delà des conseils d’administration, reste la question de la féminisation des comités exécutifs et comités de direction. Ces comités, qui sont les vrais lieux de prise de décision des grandes entreprises, ne sont pas concernés par la loi et restent de ce fait bien moins féminisés. Dans les entreprises du SBF 120, on y compte 12,1% de femmes. Sur les 4 dernières années c’est un progrès en demi-teinte, puisqu’elles étaient 9,3% en 2009, selon une étude réalisée alors par le cabinet Heidrick&Struggle. Le ministère des droits des femmes entend faire de la féminisation de ces instances de décision une « priorité ». Au travers de conventions, 27 grandes entreprises ont déjà pris des engagements, 10 autres « s’associeront prochainement à la démarche ». On est encore loin d’une lame de fond…
