Cette semaine, deux décisions de justice sont l’aboutissement de lourds combats féministes.
Mercredi, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Georges Tron. L’ex-maire de Draveil, avait été condamné pour viol en réunion et agressions sexuelles par un arrêt de la Cour d’assises d’appel de Paris du 17 février 2021. Cette condamnation est définitive.
C’est l’épilogue d’une bataille qui a duré plus de dix ans. L’ Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT), qui a accompagné les victimes, raconte ce long parcours sur son site : des mises en accusation des victimes par les avocats de Georges Tron dans les prétoires et dans les médias (ce que ces avocats apellent « tribunal médiatique » seulement lorsque les victimes s’y expriment). L’AVFT a listé les préjugés sexistes ayant nourri le réquisitoire de la partie civile en 2013 pour décrédibiliser les victimes et obtenir un non-lieu… abyssal. Il a fallu ensuite qu’un tribunal décide que le procès serait envoyé en Cour d’assises (2014). Une décision en faveur de Georges Tron a été prononcée en 2018. Et en janvier et février 2021, les quatre semaines de débats devant la Cour d’assises d’appel de Paris furent « éprouvants pour les parties civiles, tant les journées étaient denses, les auditions poussées, et les mensonges de la partie adverse lourds » écrit l’AVFT qui a tenu bon et obtenu la condamnation.
Malgré cette condamnation Georges Tron avait refusé de démissionner de ses fonctions de maire au motif qu’il avait formé un pourvoi en cassation. L’AVFT et Osez le féminisme ! avaient demandé au gouvernement de le révoquer. La sénatrice Laurence Rossignol avait même demandé cette destitution au Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti -qui a aussi été l’un des avocats de Georges Tron. Et celui-ci s’en était offusqué (lire : « QUELLE HÉRÉSIE » ? LE GARDE DES SCEAUX, AVOCAT, FACE À LAURENCE ROSSIGNOL). En retraçant cet histoire, l’AVFT a « appris que Georges Tron était en fait suspendu de ses fonctions par décision du préfet de l’Essonne depuis le… 15 avril 2021 »
Fresque attentatoire à la dignité humaine
A Toulouse une autre bataille féministe a été remportée par deux associations. Le tribunal administratif a ordonné au CHU de Toulouse de décrocher la fresque pornographique de l’internat de médecine de Purpan. Début novembre, Osez le féminisme ! (OLF) avait dénoncé l’apparition de cette nouvelle fresque, 3 ans après le décrochage d’une autre fresque qui avait fait l’objet d’une première bataille en 2018. Il s’agissait d’un tableau de quatre mètres sur trois représentant une version pornographique de La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix mettant en scène du personnel de l’hôpital dans des positions obscènes « sur laquelle les femmes sont violentées, avilies, et traitées comme des objets » décrit OLF. La direction du CHU n’ayant pas réagi, OLF et Sud Santé sociaux avaient déposé un référé liberté au tribunal administratif.
Dans la décision qu’il a rendue, le tribunal estime que le tableau « porte une atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la dignité humaine et caractérise une situation d’urgence de nature à justifier l’intervention du juge du référé liberté » et annonce que le centre hospitalier sera astreint à payer 100 euros par jour si le tableau n’est pas décroché sous 48 heures. La direction a enfin réagi, indiquant qu’elle allait décrocher le tableau et assure de son « attachement le plus strict à la lutte contre toute forme d’atteinte à la dignité des personnes ». Jusqu’à nouvel ordre ?