Le gouvernement revient sur la réforme des lycées de Jean-Michel Blanquer. Rendre les mathématiques obligatoires permet de ne pas fermer l’horizon professionnel des filles trop tôt.
« C’est le retour de l’enseignement des mathématiques pour l’ensemble des lycéens » a annoncé le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, dans un entretien aux Echos. Dimanche 13 novembre, son ministère annonçait pour la rentrée 2023 le retour d’un enseignement « obligatoire » des mathématiques en classe de première de filière générale, dès la rentrée 2023.
Cette nouvelle disposition doit effacer le point le plus sévèrement critiqué de la réforme du prédécesseur de Pap Ndiaye, Jean-Michel Blanquer, qui avait supprimé l’enseignement des mathématiques du tronc commun de classe de première.
Retour à la case mathématiques obligatoires : « tous les élèves qui ne prennent pas la spécialité mathématiques… auront donc une heure et demie de cours en plus par semaine » a précisé Pap Ndiaye. Il ajoute également des enseignements en seconde pour les élèves en grande difficulté.
La disparition de ces enseignements en mathématiques avait fait grand bruit. Les industriels craignaient un appauvrissement du vivier de scientifiques formés en France. De plus, la réforme risquait de renforcer les inégalités sociales, les mathématiques étant choisis par les élèves bien informés et soutenus, sachant que les mathématiques leur ouvraient la voie vers les filières les plus prestigieuses.
Mais la réforme Blanquer avait un autre gros défaut qui avait été moins dénoncé : il creusait les inégalités entre femmes et hommes. Au moment de choisir leur orientation, les filles, influencées par bien des stéréotypes, se détournent des mathématiques et se ferment des portes.
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En amont d’assises des mathématiques organisées à Paris de lundi à mercredi, Cédric Villani, mathématicien, médaillé Fields 2010 et homme politique, était interviewé sur France Info et insistait sur la nécessité d’orienter davantage les filles vers les filières scientifiques. Les stéréotypes entraînent une déperdition de talents préjudiciable pour la société.
Il regrettait « l’auto-censure » des « jeunes femmes » qui ne choisissent plus les mathématiques dans leur cursus scolaire. Il ne pense pas cependant que le retour des mathématiques en première « suffira à faire revenir les jeunes filles dont nous avons tant besoin » et préconise « le retour de trois spécialités en terminale plutôt que deux actuellement »…. « Beaucoup de jeunes filles au moment de passer de première à terminale, se disent « les mathématiques, ce n’est pas pour moi, c’est pour les garçons. Je vais plutôt me concentrer sur la biologie ou sur la physique. » ». Il insiste : « C’est un problème grave pour la société » car, dit-il, la société se prive de talents dans « ces disciplines qui contribuent à prévoir le monde de demain ».