Obligatoires depuis 2001, les cours d’éducation à la sexualité -et à l’égalité- sont rares et contestés par l’extrême droite, qui investit les associations de parents d’élèves. Des cours indispensables pour protéger les filles des violences sexuelles.

« Une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène. Ces séances présentent une vision égalitaire des relations entre les femmes et les hommes » assure l’article L312-16 du code de l’éducation. Cependant, le baromètre de l’éducation Apprentis d’Auteuil, publié le 12 octobre dernier, révèle que seulement 44 % des jeunes sondé.e.s ont suivi les trois séances et plus durant leur scolarité, et 25 % n’en ont jamais bénéficié ! Les mêmes conclusions apparaissaient déjà dans un rapport du Haut Conseil à l’Égalité datant de 2016… Et la situation ne s’améliore pas même si Pap Ndiaye, alors ministre de l’Education, a annoncé en juin dernier un renforcement de ces enseignements .
Des menaces venues de l’extrême droite
Pourquoi les cours d’éducation à la sexualité (EAS) sont-ils si rares dans les établissements scolaires, alors même qu’ils sont obligatoires ? Des discours complotistes et débats idéologiques entravent ces enseignements. Récemment, une polémique autour de la loi Evras a secoué la Belgique. Cette loi belge, effective depuis une dizaine d’années, propose une éducation à la vie relationnelle affective et sexuelle dès 5 ans et devrait être renforcée. Mais des militant.e.s d’extrême droite ont dénoncé ce qu’ils appellent « l’idéologie woke » diffusée par le biais de ces programmes (lire : Violences en blegique contre l’éducation à la sexualité)… Reprise en France, cette polémique, fondée sur de fausses informations, a interpellé sur les problématiques auxquelles est confronté l’EAS. Puis, plus récemment, lors des élections des parents d’élèves, qui ont eu lieu les 13 et 14 octobre, l’association « Parents Vigilants », proche d’Éric Zemmour, a encouragé ses membres à se présenter pour la première fois. Une menace directe pour l’EAS.
Des programmes à améliorer
En réalité, ces séances d’EAS sont rares et ne répondent pas toujours aux attentes des jeunes. « Mon souvenir sur l’éducation à la sexualité ? Celui d’un préservatif, de quelques infos sur le VIH…. Rien de plus, et rien sur le consentement ni le plaisir… » témoigne Andréa, 24 ans, auprès du Planning Familial. Les témoignages comme le sien sont pléthores. Face à l’inaction des pouvoirs publics et à la désinformation qui entoure l’éducation à la sexualité, de plus en plus d’initiatives voient le jour.
Comme le Planning familial, qui s’est mobilisé en lançant la Hotline Sex Education (en partenariat avec Netflix, à l’occasion de la sortie de la saison 4 de cette série). Déjà, en 2019, les jeunes militant.e.s du Planning familial avait lancé la campagne #MonEducSex et une pétition. Leurs revendications : une formation obligatoire du corps éducatif et une réelle application de la loi, une éducation à la sexualité pour tous et toutes, avec une approche émancipatrice qui intègre les notions d’égalité, de consentement, la diversité des orientations sexuelles et des identités de genre, ainsi qu’une meilleure connaissance du corps féminin.
De nombreuses ressources existent pour aider les enseignants, sur Eduscol notamment. Comme le kit du collectif Entre Les Jambes se découpe en 4 cycles : 3 à 6 ans ; 6 à 9 ans ; 9 à 12 et 12 ans et plus. Cet outil d’éducation à la sexualité, composé de planches anatomiques et illustrations commentées, a été imaginé en 2020 par une enseignante SVT, une médecin sexologue et une illustratrice à destination des professionnel.le.s en charge des séances d’EAS.
Le Haut Conseil à l’Égalité soulignait, en 2016, les conséquences de la non-application de la loi. Par exemple, seuls 16 % des 15-25 ans considéraient être très bien informés sur le sida… et les IST (infections sexuellement transmissibles) sont en hausse chez les jeunes. En outre, « [Ces séances d’EAS] contribuent à l’apprentissage du respect dû au corps humain et sensibilisent aux violences sexistes ou sexuelles ainsi qu’aux mutilations sexuelles féminines » écrivait le HCE qui, plus récemment, dans son rapport sur la pornocriminalité, rappelait l’urgence de l’éducation à la sexualité. Le porno s’engouffre dans le vide laissé par cette EAS pour infuser dans les esprits, l’idée d’une sexualité associée à de la violence. (lire : Pornocriminalité, le HCE dénonce l’inaction des pouvoirs publlics)
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