A Dubaï, des dirigeants, des business men, des lobbyistes décident de déployer notamment le nucléaire. Une sorte de « doudou » pour ces hommes qui semblent vouloir continuer à produire et consommer sans limite. Et des femmes crient dans le désert.
La 28e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28) ressemble à un concours de virilité. L’événement a lieu à Dubaï, aux Émirats arabes unis, qui n’est pas l’endroit le plus féministe de la planète. Haut lieu d’exploitation des énergies fossiles, l’Emirat doit accueillir près de 90000 personnes -essentiellement des hommes- dans un espace pharaonique climatisé. L’Expo City Dubaï est comme une mini-ville de 5 km2 dont la construction a mis en danger la vie d’ouvrier.res migrant.es qui ont dû travailler dur par des températures très élevées. Ni féministe, ni écolo, ni social, le décor est planté.
L’entrée en scène des décideurs a fait le tour de la Toile. Une photo saisissante montre un bataillon d’hommes bien décidés. Puis la photo officielle de dirigeants mondiaux alignés a confirmé la première impression. Sur cette photo officielle prise le 1er décembre, il y aurait 15 femmes parmi les 133 dirigeants. Et une d’entre elles, Hilda Heine, membre du conseil consultatif, aurait démissionné après avoir appris que le président de la COP28 profitait de sa position pour détourner les rencontres à son profit.
Au lieu de revenir aux fondamentaux de ces COP, -la préservation de la planète, la fin des énergies fossiles pour 2050- les dirigeants semblent donner la priorité au business. La première grande annonce a été le triplement des capacités de l’énergie nucléaire dans le monde. Une vingtaine de pays, la France en tête, portait cette idée fièrement affichée par le président Emmanuel Macron, qui a partagé une photo sur la quelle il occupe une place centrale, entouré d’hommes.
L’annonce sur le nucléaire a été accompagnée d’une autre nouvelle : 118 pays, dont la France, se sont engagés à tripler les capacités d’énergies renouvelables. Mais vu le gouffre financier que représente le nucléaire, il est peu probable que les investissements dans le renouvelable soient à la hauteur des enjeux.
Doudou pour dirigeants
Sur France inter dimanche 3 décembre, Marine Tondelier, numéro 1 des Verts, a vu dans cette accoutumance au nucléaire un objet transitionnel, un « doudou » des dirigeants qui veulent croire et faire croire que tout peut continuer comme avant en consommant à l’infini, sans chercher à réinventer une forme de sobriété.
La directrice des programmes de Réseau action climat, Anne Bingault a regretté de voir le chef d’État français « jouer le VRP » du nucléaire. « Coûteux, lent à mettre en œuvre et présentant des risques spécifiques, le nucléaire a un potentiel de développement extrêmement limité au niveau mondial », a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter), appelant à « se concentrer » sur « les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique » qui évite une surconsommation de l’énergie.
Tandis que sur Europe1, l’Eurodéputée écologiste Karima Déli rappelait : « Il faut miser sur les énergies renouvelables. Le nucléaire est une fausse solution (…) À l’heure où il faudrait agir concrètement, on a les yeux ailleurs, c’est dramatique pour le climat ».
Mais ces élues et activistes du climat ne sont pas au cœur des décisions prises à Dubay par des business men. Une coalition d’ONG baptisée Kick big polluters vient de révéler que 2.456 lobbyistes des énergies fossiles sont présents à la COP28 de Dubaï. C’est quatre fois plus qu’à la COP27. Ils sont plus nombreux que les représentants des dix pays les plus vulnérables au changement climatique.
Et certains dirigeants, aidés de leurs lobbyistes, n’hésitent pas à tordre la réalité pour servir leurs intérêts. A commencer par le président de ce sommet, le Sultan Al-Jaber, par ailleurs président de la principale compagnie pétrolière des Emirats arabes unis, l’Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc), qui entrave les efforts diplomatiques pour diminuer les énergies fossiles très lucratives pour lui. L’objectif des COP est pourtant de sortir de ces énergies en 2050… Mais, selon la la BBC , le Sultan a profité du sommet pour conclure de nouveaux marchés… Une vidéo diffusée par le quotidien britannique The Guardian le 3 décembre montrait que le président de la COP28 remettait en question la nécessité de sortir des énergies fossiles pour limiter le réchauffement à 1,5 °C… Un comportement qui a donc fait fuir une des rares femmes
L’ONU a beau réunir des dirigeantes à la COP28 pour rappeler que les femmes sont les premières victimes de la crise climatique mais aussi les premières porteuses de solution, leur voix porte très peu dans le brouhaha des business men.
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