Dans sa revue de presse, Natacha Polony assassine le travail sur les stéréotypes entrepris par le ministère des Droits des femmes. Une manipulation grossière.
Aujourd’hui, le principal frein à l’égalité des sexes, ce sont les stéréotypes. Pour lever ce frein, la ministre des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem et sa conseillère Caroline de Haas ont mis au point des séances de sensibilisation pour les ministres. Ridicule aux yeux de Natacha Polony, qui évangélise les auditeurs d’Europe 1 à 8h30 avec sa revue de presse très personnelle (ici à la fin). Caroline de Haas lui fait penser à Pol Pot, le chef des Khmers rouges cambodgiens de sinistre mémoire, et à ses « camps de rééducation »… « Elle fait subir des cours de rééducation aux ministres (…) pour lutter contre les préjugés sexistes », se marre la chroniqueuse qui ne recule devant aucune comparaison…
D’ailleurs, avant de lancer sa saillie, Natacha Polony prend soin de tailler le costume qui l’arrange à Caroline de Haas (l’une des fondatrices du mouvement ‘Osez le féminisme’ (OLF) avant d’être conseillère de la ministre – NDLR). Raccourci : « C’est celle qui avait lancé une campagne dans Paris ‘Osez le clito’ ». Rire entendu de Bruce Toussaint, le présentateur d’Europe 1 qui assure les lancements. Comprendre : on est tous d’accord, elle est ridicule !
Pire, Natacha Polony rebondit sur un autre sujet abordé pendant sa revue de presse : « Les Tunisiennes doivent bien rigoler quand elles voient nos féministes à nous, et ça les changera des larmes. »
Manipulation
Bel exercice de manipulation antiféministe. D’abord prendre le sujet par le petit bout de la lorgnette. Natacha Polony s’empare de la partie du sujet qui l’arrange. Dans la présentation qu’elle fait de Caroline de Haas, elle ne retient que la campagne « Osez le clito ». Une campagne qui a été infiniment plus commentée dans la presse que les sujets plus lourds comme le viol, la violence envers les femmes ou les inégalités salariales, sujets sur lesquels OLF a également fait des campagnes. Idem pour la campagne pour la suppression de « mademoiselle » des documents administratifs. Les médias se sont emparés du sujet pour faire la leçon aux féministes qui feraient mieux de s’occuper de sujets plus graves… Mais on les a beaucoup moins entendus sur ces sujets plus graves, précisément.
Ensuite relativiser. Les féministes sont toujours invitées à comprendre que ce contre quoi elles se battent n’est rien à côté de ce que subissent les Afghanes… Là, Natacha Polony parle des Tunisiennes. Rappelons-lui que les tunisiennes se battaent aussi pour que les mots ne saccagent pas le réel. Elles se sont battues âprement pour que le mot « complémentarité » ne figure pas dans la constitution. La complémentarité c’est la porte ouverte au schéma : femme à la maison, homme au travail… complémentaire !
Natacha Polony, elle, a commis un ouvrage en 2008 : « L’homme est l’avenir de la femme ». Tout un programme… Dans le résumé de l’éditeur, on peut lire ceci : « Il est urgent de renouer avec la tradition française unique des rapports entre hommes et femmes pacifiés et complémentaires… » Nous n’avons pas lu ce livre mais, puisque la malhonnêteté intellectuelle est à la mode, laissons penser que Natacha Polony ne veut rien changer aux stéréotypes.
