Les inégalités entre les femmes et les hommes persistent dans le cinéma. À l’échelle française comme à l’échelle européenne, la proportion de réalisatrices est en baisse. L’espoir de la parité est sans cesse repoussé.

Quid de la parité ? C’est l’heure du bilan pour le cinéma… et les résultats ne sont pas bons. Le 26 novembre dernier, L’Observatoire de l’égalité femmes-hommes du Centre national du Cinéma (CNC) publiait son étude annuelle et émettait un « signal inquiétant ». La part de femmes réalisatrices de films en France ayant atteint son niveau le plus bas en cinq ans. (lire : “Au cinéma, ce sont encore des hommes qui disent aux femmes ce qu’elles doivent penser”)
Mais une deuxième étude, menée par le LAB Femmes de Cinéma, parue ce 8 décembre, dresse un bilan encore plus inquiétant. Si le CNC fixe l’horizon de la parité pour 2041 en France, le LAB l’évalue à 2066 à l’échelle européenne.
La parité dans le cinéma : un enjeu européen
Ça avance… mais trop lentement. C’est le message du rapport annuel du LAB Femmes de Cinéma. En comparant les différentes mesures en faveur de la parité dans le cinéma européen, les progrès et les reculs dans une trentaine de pays européens depuis 2016, cette étude révèle que les femmes restent « moins payées, moins subventionnées, moins programmées et les personnages féminins, encore trop souvent stéréotypés ».
Alors même que les femmes représentent 50% des élèves en école de cinéma, elles sont moins nombreuses une fois sur le marché du travail. Il y a un phénomène d’évaporation. Résultat : un.e réalisateur.ice sur quatre seulement est une femme en Europe. Et lorsqu’elles parviennent à ce poste, les femmes restent cantonnées à des secteurs où le budget moyen d’un film est bien inférieur, comme le documentaire où les réalisatrices sont représentées à 33%. Dans la fiction, cette part dégringole à 21%. Dans l’animation, elles représentent également 21% des réalisateur.rice.s, mais le LAB note une hausse substantielle.
Pourtant, que les femmes soient plus nombreuses à être réalisatrices est essentiel. L’étude du CNC précise que les projets sont davantage paritaires lorsque le réalisateur est une réalisatrice. C’est un cercle vertueux pour en finir avec une cooptation masculine des postes à hautes responsabilités. Dans son étude, le LAB salue l’engagement du CNC pour la parité des présidences et des membres de l’ensemble de ses commissions. Sur les 47 commissions d’attribution d’aides du CNC, en 2023 et 2024 on dénombre 51% de femmes.
Heureusement, la part des films de réalisatrices en moyenne européenne progresse : 19,2% en 2015 à 24,6% en 2024. Mais cette amélioration est loin d’être linéaire avec des années marquées par des reculs, comme en 2018, 2022 et 2024. Conséquence : la parité ne serait atteinte qu’en 2066, selon les estimations du LAB.
Remplacer le bonus parité par un malus
Pour favoriser la féminisation des métiers du cinéma, les pays européens ont mis en place des mesures… plus ou moins efficaces. En France, le CNC note que la proportion de films éligibles au « bonus parité » recule : 31,3% en 2021, 34,1 % en 2022, 35,2% en 2023 et 33,3% en 2024. La tendance s’inverse.
D’autant que malgré ces bonus parité, les écarts de salaire restent marqués. En France, les femmes gagnent en moyenne 31,4 % de moins que les hommes dans les métiers de l’administration et de la production, -27,6 % dans la réalisation, -27,1 % dans les métiers de l’image, -21,3 % dans ceux du son et -21,0 % dans la postproduction. « Il est donc temps de renouveler les outils qui, manifestement, s’essoufflent. Le bonus parité qui a été créé en 2019 a fait bouger les lignes, c’est incontestable. Mais, aujourd’hui, les chiffres stagnent », estime le président du CNC, Gaëtan Bruel. Le CNC évoque l’idée d’un « malus parité » à partir du 1er janvier 2027. Or les féministes réclament toujours l’adoption d’une éga-conditionnalité des aides publiques.
Si certaines mesures révèlent aujourd’hui leurs limites, la production de données sur la parité (ou plutôt son absence) reste essentielle. En comparant les périodes 2015-2019 et 2020-2024, l’étude du LAB observe que dans 26 des 33 pays étudiés, la proportion de films réalisés par des femmes a augmenté. Le chemin pour la parité reste encore long…
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