Grâce aux lois imposant des quotas, les femmes ont pu casser l’entre-soi masculin à la direction des entreprises… Mais elles n’y sont pas accueillies à bras ouverts.
En France, au bout de quatre ans d’ancienneté au Comité exécutif (comex ) d’une grande entreprise, 13 % des femmes quittent cette instance contre 9 % des hommes. C’est ce que révèle la dernière étude du cabinet Russell Reynolds Associates sur la gouvernance des entreprises.
Une tendance à la désertion gagne les femmes à mesure qu’elles arrivent à la table du pouvoir… Et sont très mal accueillies dans ces lieux qui ont longtemps été des boys clubs
Lire : « La grande démission » des femmes : pourquoi elles quittent leurs entreprises
Davantage de femmes… mais pas trop haut
Pourtant, la France devrait servir d’exemple. Elle est en tête de l’Europe pour la mixité au sein des conseils d’administration. Les femmes occupent désormais 47 % des sièges au sein des conseils d’administration du CAC 40, soit une légère augmentation par rapport à 2023. Au sein du SBF 120, 49 % des nouvelles nominations au conseil d’administration concernaient des femmes.
Côté exécutif, la représentation des femmes au sein des comex a atteint 29 % dans le CAC 40. Dans le SBF 120, la représentation est passée de 25 % en 2022 à 27 % en 2024. Des chiffres dont il faut se réjouir tant on part de loin.
Cependant, à la présidence ou direction générale des grandes entreprises, les femmes restent très peu nombreuses. Trois femmes DG d’une entreprise du CAC40, deux femmes Présidentes… Et quand on élargit au SBF 120 ce n’est pas mieux. « Les progrès ont ralenti, les femmes n’occupant que 9,8 % des postes de PDG, soit une baisse par rapport aux années précédentes. Si la « loi Rixain », qui impose une représentation de 30 % de femmes aux postes de direction d’ici 2027 et de 40 % d’ici 2030 pour les entreprises de plus de 1 000 salariés, devrait favoriser les progrès, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour combler l’écart entre les sexes aux plus hauts niveaux de direction » note Russell Reynolds Associates.
Les boucliers des boys clubs
Les femmes à direction exécutive sont encore dans des postes fonctionnels tels que directrice des ressources humaines ou directrice du marketing. Tandis que fonctions exécutives dites « opérationnelles », celles qui servent de tremplin vers des postes de PDG sont occupés majoritairement par des hommes.
Si la France affiche de bons chiffres de mixité au sommet (relativement à d’autres pays) grâce aux lois imposant des quotas, les résistances sournoises sont à l’œuvre. Les femmes ont du mal à contourner le bouclier rhétorique assurant que les lois imposant des quotas permettent de nommer des incompétentes. Et les places et rôles qui sont accordés aux femmes dans les directions, le mode de fonctionnement de ces directions ne leur donnent pas toujours envie d’y rester (cf « la grande démission des femmes »). Les quotas permettent d’avancer vers la parité mais pour que cette parité soit durable, il faudra sans doute envisager une révolution de la culture managériale.
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