
Rue de Nankin, Shanghai, Chine. © WWF
Dans son nouveau rapport sur l’état de la planète, l’ONG s’alarme de l’empreinte écologique « disproportionnée » des pays riches et souligne la nécessité d’une « gouvernance équitable des ressources ».
Un nouveau cri d’alarme, après celui de la Royal Society, sur l’avenir de la planète. Dans son rapport « Planète vivante 2012 », publié mardi 15 mai, le WWF met en cause la « pression disproportionnée sur les ressources naturelles » exercée par les pays riches.
Le rapport souligne que l’empreinte écologique (1) des pays à hauts revenus est cinq fois supérieure à celle des pays à bas revenus. Les dix pays à la plus forte empreinte écologique par individu sont le Qatar, le Koweït, les Émirats Arabes Unis, le Danemark, les USA, la Belgique, l’Australie, le Canada, les Pays-Bas et l’Irlande. La France n’est pas très loin derrière.
Selon le WWF, « il faudrait 4,5 terres pour répondre aux besoins d’une population globale vivant comme un habitant moyen des Émirats Arabes Unis ou des États-Unis. C’est bien sûr impossible ».
Ruée sur les terres
Non seulement l’humanité vit au-dessus des moyens de la planète, mais « la répartition que nous faisons des fruits ainsi récoltés est inéquitable », souligne l’ONG : « Les pays et les communautés les plus pauvres supportent en effet une part disproportionnée des effets négatifs de la consommation croissante de ressources à l’échelle mondiale, alors que leurs homologues des nations industrialisées recueillent l’essentiel de ses bénéfices. »
Le WWF condamne notamment la « ruée des investisseurs étrangers » sur les terres agricoles des pays les plus pauvres. Les estimations révèlent que, depuis le milieu des années 2000, la superficie concernée par ces acquisitions foncières est équivalente à celle de l’Europe orientale. Face à cette question cruciale, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) vient d’ailleurs de publier « un document de référence » visant à encadrer l’achat de terres à travers le monde.
« Gouvernance équitable »
Malgré ces constat alarmistes, l’ONG veut encore croire en un « avenir prospère où la nourriture, l’eau et l’énergie seraient accessibles en quantité suffisante aux 9, voire peut-être 10 milliards d’êtres humains appelés à se partager la surface du globe en 2050 ».
Pour cela WWF fixe 16 priorités, parmi lesquelles « consommer moins et mieux » – et notamment moins de viande dans les pays riches. Ou encore « reconnaître et intégrer la valeur de la biodiversité et des services écologiques dans les décisions politiques et économiques ». L’ONG souligne elle aussi la nécessité d’instaurer une « gouvernance équitable des ressources », en allant « au-delà du PIB ». Un nouvel appel à révolutionner notre façon de considérer la croissance, à cinq semaines de la conférence sur le développement durable des Nations Unies qui se tiendra à Rio de Janeiro.
(1) L’Empreinte écologique évalue la pression exercée par l’humanité sur la biosphère en comparant sa consommation aux capacités de régénération de la Terre, qui correspond à la surface de terres effectivement disponibles pour produire des ressources renouvelables et absorber les émissions de CO2. A l’heure actuelle, il faut une année et demie à la planète pour régénérer l’intégralité des ressources renouvelables consommées par les êtres humains en une seule année.