24% de femmes ingénieures et 30% d’étudiantes ingénieures, comme en 2010. Des rémunérations plus faibles que celles des hommes. Pourtant, imperceptiblement, le métier avance vers la parité.
A l’occasion du forum des métiers virtuel qui aura lieu le 19 janvier en ligne sur le thème « Ingénieur.e ? C’est pour moi », l’association Femmes Ingénieures fait un point de la situation. La nouvelle édition de son Observatoire des Femmes Ingénieures basée sur l’étude annuelle la Société des ingénieurs et scientifiques de France (IESF) annonce d’abord des chiffres peu réjouissants : « Avec 24% de femmes ingénieures, et 30% d’étudiantes ingénieures, chiffre qui n’augmente plus depuis 10 ans, le monde de l’ingénieur est encore largement masculin ».
L’écart de salaire est de 18 % : en 2021, le salaire brut médian annuel des femmes ingénieures est de 50 100 €, alors que celui des hommes est de 58 900 €.
Ces écarts s’expliquent par une gestion différente des ressources humaines féminines et masculines. « Les CDD sont deux fois plus nombreux chez les femmes ingénieures (9%) que chez les hommes ingénieurs (4%).», « 42% des femmes ingénieures ne possèdent aucune responsabilité contre 33% des ingénieurs hommes, toutes formes de responsabilités confondues (responsabilités hiérarchiques, budgétaires ou portant sur des résultats financiers). » Ces différences se retrouvent sur les salaires. Et dans les fonctions de direction générale les femmes ingénieures gagnent 30 % de moins que les hommes. Et l’étude note que la proportion de femmes est moindre parmi les ingénieur.es en fin de carrière que chez les débutant.es. Mais ce phénomène n’explique pas à lui seul les écarts de rémunération.
Les femmes ingénieures s’orientent vers des secteurs différents de ceux préférés par les hommes. Elles « sont les plus représentées dans de nombreux secteurs comme celui de l’Industrie (35%), des activités tertiaires (hors sociétés de services) (35%) et sociétés de services et édition de logiciels (13%). D’autre part, les femmes sont plus représentées que les hommes dans les secteurs du tertiaire, de l’agriculture, de la sylviculture et de l’eau et la dépollution, qui sont également les moins rémunérateurs »
Petites avancées vers la parité – qui reste encore très loin
Cependant, les écarts de salaire se réduisent. En 2019, la moitié des femmes ingénieures gagnait moins de 49.700 euros, et c’était 60.120 euros pour les hommes, soit 21 % de plus pour eux. Une réduction de l’écart de 3 points du salaire médian en deux ans.
Autre amélioration : les postes occupés par les plus jeunes ingénieures sont moins stéréotypés que pour leurs aînées. Les femmes ingénieures se cantonnaient auparavant en majorité aux domaines de la gestion, administration et direction, elles optent davantage aujourd’hui pour les études, la recherche, la production, le conseil technique et la logistique .
Pour poursuivre et amplifier ces petits pas vers la parité, l’association des femmes ingénieures continue sans relâche à sensibiliser les plus jeunes. Le 19 janvier elle veut que des jeunes filles rencontrent des ingénieures en poste et qu’elles s’identifient à leur réussite. « De l’agroalimentaire à la robotique en passant par la chimie ou le BTP, la diversité des métiers de l’ingénierie convient aux femmes » assure l’association qui rappelle que le plein-emploi est quasiment assuré dans ces métiers. Alors elle communique le plus possible avec les jeunes filles qui ont tendance à se détourner de ces métiers pour se conformer aux stéréotypes de sexe. Un phénomène qui a été aggravé par la réforme rendant optionnels l’apprentissage des mathématiques au lycée. Une disposition annulée : (Lire : RETOUR DES MATHÉMATIQUES OBLIGATOIRES AU LYCÉE : BON POUR LES FILLES). La marche vers la parité est toujours fragile.
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