Une réflexion est en cours, au nom de la lutte contre la violence. Bloquer les sites pornographiques, ce serait une première.
Vers l’interdiction du porno sur internet ? C’est la mesure qu’envisage l’Islande. Le gouvernement a mis en place, fin janvier, un groupe de travail sur le sujet. L’Islande pourrait bloquer les adresses IP des sites porno et faire pression sur les fournisseurs d’accès pour interdire de tels sites. Il s’agit aussi, et d’abord, de plancher sur une définition pénale de la pornographie et sur son lien à la violence.
« Il ne s’agit pas d’être anti-sexe, mais anti-violence », souligne Halla Gunnarsdóttir, du ministère de l’Intérieur, citée par le Daily Mail. Le ministre Ögmundur Jónasson s’expliquait fin janvier : « Je ne suis pas friand des interdictions et je soutiens la liberté d’expression. Mais je veux mettre des barrières à une industrie qui fait des profits en abusant d’êtres humains ».
Davantage d’agressions sexuelles
Le journal britannique souligne qu’une vaste consultation menée il y a deux ans « concluait que la nature extrêmement violente des images disponibles librement sur le web augmentait la fréquence des agressions sexuelles ». Et que « les enfants exposés à un jeune âge à des images pornographiques violentes montraient les mêmes signes de traumatisme que des enfants victimes d’abus sexuels ».
La diffusion de pornographie par voie de presse est interdite de longue date par le code pénal islandais, mais cela ne s’applique pas à internet. Par ailleurs, il y a deux ans, le gouvernement de la Première ministre Jóhanna Sigurðardóttir a interdit les clubs de strip-tease, « du fait qu’ils violent les droits des femmes qui y travaillaient et sont nuisibles à la société ».
L’interdiction du porno sur le web islandais, qui serait une première pour un pays occidental, n’est toutefois pas encore acquise. Le experts n’ont pas rendu leurs conclusions et pour que les parlementaires s’en emparent il faudra sans doute attendre que passent les élections législatives, en avril.
Debut de frémissement en France
En France, il y a tout juste un an, le gynécologue Israël Nisand, sa consoeur Brigitte Letombe et la psychanalyste Sophie Marinopoulos, s’inquiétaient que le porno, qui « se focalise sur le plaisir masculin et sur l’humiliation des femmes » soit devenu « le principal moyen d’éducation sexuelle pour les jeunes. » (Lire : Le porno, mal des ados ?)
Sans aller jusqu’à l’interdiction des sites porno, ils recommandaient de taxer « beaucoup plus lourdement la vente de pornographie » et d’imposer sur internet « la production d’un numéro de carte bancaire avant l’affichage de la première image pornographique ».