Professeure émérite de l’Université du Texas à Austin, la mathématicienne Karen Uhlenbeck vient d’obtenir le Prix Abel 2019
L’Académie norvégienne des sciences et lettres vient de décerner le très prestigieux prix Abel des mathématiques à l’Américaine Karen Uhlenbeck, spécialiste des équations aux dérivées partielles.
Ce prix couronne la carrière exceptionnelle de cette mathématicienne de 76 ans et reconnait « ses travaux pionniers dans le domaine des équations aux dérivées partielles d’origine géométrique, de la théorie de jauge et des systèmes intégrables, et pour l’impact fondamental de ses résultats sur l’analyse, la géométrie et la physique mathématique ». Et le physicien théoricien Jim Al-Khalili estime que « ses travaux ont conduit à certaines des avancées les plus spectaculaires en mathématiques de ces 40 dernières années. » Le prix Abel est dotée de 6 millions de couronnes norvégiennes (environ 620 000 euros).
Karen Uhlenbeck a aussi œuvré pour faire avancer les femmes dans les sciences. Elle a été la première mathématicienne reçue à l’Académie nationale des sciences aux Etats-Unis en… 1986. En 1990, à Kyoto, au Japon, elle a donné une conférence plénière au Congrès international des mathématiciens qui a lieu tous les quatre ans. Elle était la deuxième femme à être invitée à présenter une conférence plénière, après Emmy Noether en 1932. Sachant qu’elle était un rôle de modèle pour les jeunes filles, elle a participé à la création d’un programme sous l’égide de l’Institut d’études avancées à Princeton pour soutenir les femmes en mathématiques.
Elle est la première femme à recevoir le prix Abel. Un autre prix prestigieux de mathématiques, la médaille Fields, appelée parfois aussi « Prix Nobel des Mathématiques », n’a été attribué à une femme qu’en 2014, et c’est l’Iranienne Maryam Mirzakhani, décédée en 2017, qui l’a reçue.
La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a ainsi félicité la grande mathématicienne : « Ce prix prestigieux décerné à Karen Uhlenbeck est un formidable encouragement pour les femmes scientifiques. A l’ère de l’intelligence artificielle et de la révolution digitale, les mathématiques sont une langue universelle et les femmes doivent y prendre toute leur part. Parce que la diversité favorise l’innovation, nous avons besoin d’esprits brillants, comme Karen Uhlenbeck, dans la science, les nouvelles technologies et l’innovation, afin de faire face aux problématiques complexes du XXIe siècle » et l’organisation de rappeler : « Les femmes ne représentent aujourd’hui que 3 chercheurs sur 10 dans le monde, comme l’a démontré le Rapport de l’UNESCO sur la science. Seul 3% des prix Nobels scientifiques ont été décernés à des chercheuses. »