Contrairement à la situation nationale, dans les zones urbaines sensibles la crise a creusé les inégalités au détriment des femmes sur le marché du travail. Le taux d’activité recule, la précarité de l’emploi augmente.
L’Onzus, Observatoire des zones urbaines sensibles, s’inquiète pour l’emploi des femmes dans les quartiers. Alors qu’en général, en France, l’emploi féminin n’a pas plus souffert de la crise que l’emploi masculin, dans les zones urbaines sensibles (Zus) la crise a entraîné un retrait des femmes du marché du travail, observe l’Onzus dans une étude publiée le 7 mars (à télécharger ici).
Dans ces quartiers, le taux d’activité des femmes de 15 à 64 ans est passé de 57,8% en 2008 à 52,6% en 2012. Une chute spectaculaire de 5 points, alors qu’il s’est maintenu chez les femmes vivant en dehors des Zus, comme chez les hommes en Zus et en dehors de ces quartiers.
« Il est difficile de déterminer les raisons » de ce recul de l’activité, note l’Onzus. Cela peut « être un choix mais également le fait d’un découragement ou d’une impossibilité d’occuper un poste (par exemple à cause de charges familiales telles que la garde des enfants ou encore à cause d’une maladie). »
Déjà dans son rapport annuel fin 2012, l’Onzus relevait que la crise de l’emploi frappe d’abord les femmes dans ces quartiers (Voir : Situation dégradée dans les ZUS… surtout pour les femmes).
Temps partiel fortement subi
D’autres chiffres témoignent d’une précarisation de l’emploi féminin dans ces quartiers. En particulier pour les plus jeunes femmes : en 2012, dans les Zus, 54,4 % des femmes de moins de 30 ans salariées sont en CDI, soit une baisse de 7 points en trois ans.
Par ailleurs le temps partiel a progressé de 3 points : il concerne 33,4 % des femmes salariées en Zus. La moitié d’entre elles étant à temps partiel subi : elles auraient préféré un temps plein (à l’échelle nationale, 30% des femmes travaillaient à temps partiel, et 30% d’entre elles à temps partiel subi)
Le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes juge cette situation « très préoccupante ». Le Haut Conseil rendra justement à la fin du mois d’avril un rapport sur la « situation des inégalités territoriales en matière d’égalité entre les sexes ».
Il souligne que « la refonte de la politique de la ville comme le renouvellement des cadres de la politique d’aménagement du territoire (…) devront réellement intégrer l’égalité femmes-hommes en tant que condition de leur réussite. Nous ne pouvons accepter une France à deux vitesses avec l’égalité des centres villes d’une part, et l’égalité des champs et des quartiers d’autre part ».