En 8 mois, les habitants de la planète ont épuisé les ressources que celle-ci est capable de produire en 1 an. La croissance a augmenté au second trimestre grâce aux dépenses d’énergie. Paradoxe d’un indicateur de richesse à bout de souffle.
Le 20 août 2013 marquait l’« Earth Overshoot Day », le « Jour du dépassement planétaire », ce jour de l’année où l’humanité a consommé toutes les ressources naturelles que la terre pouvait produire en un an. Chaque année en effet, l’ONG Global Footprint Network calcule le « jour du dépassement » qui symbolise ainsi un budget disponible épuisé pour l’année.
L’humanité vit au-dessus de ses moyens depuis 1970 alors que, pendant très longtemps « la nature a été capable de se régénérer et de compenser la consommation de l’homme : sa biocapacité restait intacte » explique le WWF, ce n’est plus le cas.
Earth Overshoot Day dans le monde 80% de la population mondiale vit dans des pays qui utilisent plus de ressources que ce que permettent les écosystèmes de leur territoire national. Et chaque année, la date de ce Earth Overshoot Day est plus précoce. En 1980, il arrivait le 8 novembre, en 2000 le 8 octobre… « Il faudrait 1,5 Terre pour répondre aux besoins d’une population humaine toujours croissante. Et si nous continuons ainsi, nous aurons besoin, bien avant la moitié de ce siècle, de 2 planètes ! » ont calculé les experts. Parmi les pays « débiteurs écologiques », si la France consomme l’équivalent de 1,6 France par année, le Japon aurait besoin de plus de « 7,1 Japons », le Qatar, 5,7 fois le pays et l’Italie 4. |
« A partir d’aujourd’hui, et jusqu’à la fin de l’année, l’homme va répondre à ses besoins en épuisant des stocks des ressources naturelles et en accumulant des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. » Il faudrait une terre et demi pour répondre aux besoins de la population (voir ci-contre).
Les solutions sont à portée de main explique le WWF et notamment Christine Sourd, responsable scientifique, qui fait le lien entre crise écologique et crise économique dans une interview accordée à L’Express. Elle décrit l’épuisement des ressources : on déstocke ce qui était dans le fond de la planète : les hydrocarbures – pétrole, charbon… – et on le relâche dans l’atmosphère tout en détruisant les éco systèmes nécessaires pour le re-capter. Les forêts détruites au profit de l’agriculture intensive sont en cause. Et on surexploite nos mers et nos prairies.
La croissance dit merci aux dépenses d’énergie
Ironie de l’époque, quelques jours avant cet Overshoot Day, l’INSEE annonçait que le Produit Intérieur brut (PIB) du deuxième trimestre avait augmenté de 0,5% en France. Hourras chez les économistes et responsables politiques… Mais cette hausse s’expliquait en grande partie par une augmentation de la consommation d’énergie due à des températures exceptionnellement élevées cette année. Est-ce un bienfait pour la planète ?
Cela fait plusieurs années que des économistes « hétérodoxes » affirment que le PIB, cet indicateur qui mesure la croissance, est à bout de souffle. Après le rapport Stiglitz en 2009, l’INSEE a tenté d’intégrer des données de développement durable en introduisant dans ses analyses la notion de « soutenabilité environnementale ». L’institut de statistique remarquait notamment que « l’activité économique qui crée le plus de PIB est aussi celle qui génère le plus de CO2 ». Mais on continue à courir après le PIB qui ne valorise toujours pas ce qui est préconisé pour faire baisser la dette écologique. Christine Sourd, résume ces préconisations par la « consommation durable » : alimentation de saison cultivée à proximité sans trop de produits dérivés du pétrole, construction de bâtiments à énergie positive, développement des transports en commun. Mais la consommation durable ne fait pas bondir le PIB…
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