Pour former un nouveau collège de Commissaires européens, la majorité des gouvernants des États membres de la Commission nomment des hommes, malgré les appels de la présidente. La parité recule pour la première fois.
Réélue le 18 juillet dernier par le Parlement européen après les élections du 9 juin, la présidente de l’exécutif européen Ursula von der Leyen a demandé à chaque État membre de lui proposer deux personnes, un homme et une femme, pour composer un collège de commissaires respectant plusieurs équilibres : politique, géographique, priorités de chacun et… équilibre entre femmes et hommes. Si les premiers points ne semblent pas poser de problèmes, la parité est, à chaque fois, un sujet compliqué pour les Président.es de commission européenne (voir plus bas)
« Je veux choisir les candidats les mieux préparés qui partagent l’engagement européen. Une fois de plus, je m’efforcerai de parvenir à une répartition égale des hommes et des femmes à la table du collège », avait déclaré Ursula von der Leyen lors de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg.
Moins de 30 % de femmes parmi les premières nominations…
Les États membres ont jusqu’au vendredi 30 août pour proposer les 26 profils qui composeront la future Commission européenne. Mais déjà beaucoup ont envoyé leur proposition en ne soumettant qu’un seul nom… et il semblerait que ce soit le plus souvent le nom d’un homme.
Sur les 17 pays ayant déjà nommé leur candidat, seulement cinq pays auraient proposé des femmes : l’Estonie, l’Espagne, la Croatie, la Finlande et la Suède. La France a proposé Thierry Breton, déjà commissaire européen lors de la précédente mandature. Ainsi, moins de 30 % des commissaire déjà nommés par les gouvernements des États membres sont des femmes
Et selon Euronews, « Parmi les neuf États membres qui n’ont pas encore annoncé leurs nominations, les rumeurs de candidatures féminines sont rares. » Trois seraient sur le point de nommer des hommes et parmi six les indécis (la Belgique, la Bulgarie, Chypre, l’Italie, la Lituanie et la Roumanie ) « il y a peu de candidates susceptibles d’être nommées. ».
… Contre 14 hommes et 13 femmes de 2019 à 2024
Pourtant, avant les élections européennes, ce collège de 27 commissaires (en comptant Ursula von der Leyen) comptait 14 hommes et 13 femmes.
La perspective d’un recul de la parité au sein de la Commission européenne est d‘autant plus préoccupante que le Parlement européen a, lui aussi, reculé. La proportion de députées européennes a baissé pour la première fois après les élections de juin pour tomber à 38,75% des élu.es. La baisse n’est que de 1 % mais c’est une tendance qui s’ouvre et risque d’empirer du côté de l’exécutif européen.
En 2019, pourtant, la tendance état à la hausse pour la parité. Les féministes avaient travaillé dur pour y parvenir. ( Lire : Une Commission européenne presque paritaire). La rédaction des Nouvelles News avait même voulu y voir une banalisation de la parité (Lire : Union européenne : parité au sommet et dans les critiques)…
Jamais acquis
Erreur ! « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. », disait Simone de Beauvoir. La tendance à la parité repart à la baisse.
Ursula von der Leyen, première femme à présider la commission européenne, s’est engagée à élaborer une « feuille de route pour les droits des femmes » au cours de son second mandat pour que l’Europe fasse évoluer les droits des femmes quant aux rémunérations, à lutte contre les violences misogynes ou aux politiques de conciliation vie privée vie personnelle…
Mais dans l’assemblée qu’elle préside, elle n’a pas le pouvoir de contraindre les gouvernants des Etats membres à composer un groupe paritaire. Et ces gouvernants s’en sortent avec des pirouettes, jurant la main sur le cœur qu’ils sont pour la parité « mais »…
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