Les lauréats ont permis la mise au point du vaccin anti-Covid à ARN messager. Katalin Karikó travaillait sur la technologie de l’ARN messager depuis 40 ans.
La saison 2023 des prix Nobel a été ouverte ce lundi 2 octobre par l’annonce du prix de médecine décerné conjointement à une femme et un homme. L’homme est l’Américain Drew Weissman. La femme est Katalin Karikó. « Leurs découvertes concernant les modifications des bases nucléosidiques ayant permis la mise au point de vaccins ARNm efficaces contre le Covid-19 » précise la Fondation Nobel. LesNouvellesNews.fr avaient parlé de Katalin Karikó début janvier 2021 alors que cette scientifique, qui travaillait depuis 40 ans sur l’ARN messager sortait enfin de l’anonymat en raison de sa contribution décisive à l’élaboration des vaccins anti-covid.
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La vie de cette biologiste a été jalonnée de rebondissements. Emigrée aux Etats-Unis dans les années 80 quand son pays d’origine, la Hongrie vivait encore sous occupation soviétique, elle a intégré l’université Temple où a commencé son travail sur l’ARN messager. Elle a participé, notamment, à un essai clinique de patients atteints du sida avant de rejoindre l’Université de Pennsylvanie comme professeure. Mais à l’époque l’université concentrait ses recherches autour de l’ADN et ne voyait pas l’intérêt de son travail. Katalin Kariko se voit alors écartée de la liste des titularisations et rétrogradée au rang de chercheuse. La biochimiste a continué son travail dans l’ombre. Femme, immigrée, elle a dû faire face à un sexisme récurent. Alors qu’elle est à la tête de son propre laboratoire, on demande à parler à son superviseur. On l’appelle « madame », quand les hommes sont appelés « professeur »…
C’est en 1997, que Katalin Karikó commence à travailler avec l’immunologiste Drew Weissman. En 2005, dans le cadre de recherches sur le VIH, les deux scientifiques font une découverte qui permet une modification de l’ARN. Le principe est le suivant : avec un vaccin classique, on injecte une protéine du virus, tandis que l’ARN messager dit aux cellules comment fabriquer la protéine. Et c’est cette découverte qui va permettre, 15 ans plus tard, la création du vaccin contre le Covid-19. Une technique qui pourrait permettre de développer de nouveaux types de traitements contre d’autres maladies comme le cancer ou le diabète.
Le prix s’accompagne d’une récompense de onze millions de couronnes (920 000 euros) et la saison des Nobel se poursuit à Stockholm mardi avec la physique, puis mercredi la chimie, puis les prix de littérature jeudi et de la paix vendredi. Enfin, le prix d’économie sera révélé lundi prochain.
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