Une nouvelle étude met en lumière le sexisme qui bloque les carrières des femmes et sape leur bien-être au travail. Mais les hommes refusent toujours de le voir. Et comme ce sont eux qui dirigent…
77% des femmes salariées déclarent être régulièrement confrontées à des propos ou décisions sexistes. Deux femmes sur trois rapportent avoir subi un comportement sexiste en réunion. 50 % affirment avoir vu leurs compétences remises en question en raison de leur genre. 75 % des femmes disent avoir été confrontées à des blagues sexistes. 66 % estiment devoir en faire davantage que leurs collègues masculins pour obtenir la même reconnaissance.
57% des femmes déclarent mettre en place des stratégies d’évitement -privilégier certaines tenues, esquiver certaines situations ou personnes- pour se protéger. Près de 40% des femmes disent « avoir été interpellées par un homme par un qualificatif sexiste (ma grande, miss…).
Un système sexiste ? « Mais non ! » selon les hommes
MAIS un homme sur deux pense que ces expressions sont « bienveillantes, voire flatteuses. » Idem pour les comportements sexistes en réunion… « Des situations qui sont invisibles pour 64% de leurs collègues masculins », relève le communiqué de l’étude.
Et le pompon : selon 4 hommes sur 10, la promotion de l’égalité femmes-hommes au travail aboutirait à discriminer les hommes. Et 21 % des femmes partagent leur avis ! Tenace idée reçue qui remet en cause la pertinence de la promotion de l’égalité femme-hommes.
Ces quelques chiffres sont tirés du baromètre sur le sexisme au travail, réalisé par l’Association française des managers de la diversité (AFMD) présenté au début du mois quand les ponts de mai mettaient l’information en sommeil. Un sondage national réalisé par Ipsos auprès de 1000 salariés d’entreprises de plus de 250 employés, et une consultation auprès de 130 000 salariés des entreprises signataires de l’initiative Stop au Sexisme Ordinaire en Entreprise (#StOpE)
Rien vu, rien à sanctionner
Ce troisième baromètre montre que le système de domination masculine est puissant et ne se laisse pas déboulonner. C’est toujours, en dépit de quelques améliorations, un regard masculiniste qui s’impose dans le monde du travail. Un état des lieux que l’AFMD résume ainsi pudiquement : « Les résultats du Baromètre 2025 sont éloquents sur l’existence de deux vécus parallèles du monde du travail : un premier, où les femmes vivent des inégalités et du sexisme au quotidien et un second, dans lequel les hommes sont convaincus que les objectifs d’égalité sont atteints et que les actions de prévention et de lutte contre le sexisme ne sont plus aussi pertinentes ». Et comme ce sont très majoritairement des hommes qui dirigent les entreprises et qui décident, c’est leur point de vue qui domine. Circulez !
9 salarié.es sur 10 se disent bien conscient.es que « les propos sexistes nuisent au bien-être au travail, à la confiance en soi et à la santé des femmes ». Ces salarié.es appellent à en sanctionner les auteurs. Mais si les hommes continuent à faire passer des insultes sexistes pour de la bienveillance, ils ne vont pas sanctionner grand monde
Autre chiffre marquant : près d’un homme sur deux considère que le partage des tâches domestiques et parentales n’a pas d’impact sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Ce n’est pas avec de telles croyances qu’il sera possible de déboulonner le système de domination masculine. Depuis la dernière étude de l’AFMD, la plupart des hommes n’ont toujours pas déchaussé leurs lunettes masculinistes (Lire : Le sexisme ordinaire toujours très pesant en entreprise)
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