
Eva Sas, en juin 2012. Par Parti socialiste sur Flickr. Photo Mathieu Delmestre
« L’enjeu de cette loi est que la réussite d’un gouvernement ne soit plus mesurée à l’aune de la croissance du PIB, mais de nos véritables objectifs : l’emploi, la qualité de vie, le revenu réel de nos concitoyens, la préservation de notre environnement », résume son auteure Eva Sas.
Le Sénat a adopté, jeudi 2 avril, la loi « sur la prise en compte des nouveaux indicateurs de richesse dans la définition et l’évaluation des politiques publiques ». Les sénateurs n’ayant apporté aucun changement au texte déjà voté fin janvier par les députés, la loi est définitivement adoptée. Chaque premier mardi d’octobre, le gouvernement devra donc remettre au Parlement « un rapport présentant l’évolution, sur les années passées, de nouveaux indicateurs de richesse, tels que des indicateurs d’inégalités, de qualité de vie et de développement durable ».
Voir : Les députés se penchent enfin sur les indicateurs de richesse
La députée EELV Eva Sas, auteure de la proposition de loi, fait part de sa « grande satisfaction car c’est l’aboutissement d’un travail de conviction, de nombreuses concertations avec des universitaires et des associations, c’est aussi, il faut le dire, le fruit d’une certaine ténacité ». La députée avait en effet retravaillé son texte après qu’une première mouture (plus ambitieuse), avait été retoquée par les députés un an plus tôt (Voir : Les députés reportent la désacralisation du PIB).
Pour le sénateur EELV André Gattolin, qui a de son côté porté le texte au Palais du Luxembourg, « l’adoption de cette proposition de loi écologiste par le Sénat à majorité de droite [la droite s’est abstenue sur le texte, NDLR] montre, s’il le fallait encore, l’intérêt de cette démarche pour tous les décideurs politiques : mieux prendre en compte le quotidien de nos concitoyens dans la définition des politiques publiques » .
Pour en finir avec ‘après moi, le déluge’
Pour Eva Sas, « l’enjeu de cette loi est que la réussite d’un gouvernement ne soit plus mesurée à l’aune de la croissance du PIB, mais de nos véritables objectifs : l’emploi, la qualité de vie, le revenu réel de nos concitoyens, la préservation de notre environnement. On a eu trop souvent des décideurs politiques qui pensaient ‘après moi, le déluge’, avec les nouveaux indicateurs de patrimoine naturel et économique, cela sera plus difficile ».
Reste à définir ces indicateurs. Et, plus difficile encore, à faire en sorte que la question devienne un vrai sujet de société. Une commission conjointe du Conseil Economique, Social et Environnemental et de France-Stratégie s’est mise à travailler sur la construction d’un tableau de bord d’une dizaine d’indicateurs, qui devrait être présenté avant l’été.
Cette initiative devrait déboucher sur une consultation citoyenne, souhaite Eva Sas, car « c’est aux citoyens de s’approprier cette loi en déterminant collectivement quelles sont les indicateurs de progrès de notre société. Qu’est-ce qu’une société qui va bien ? Est-ce une société qui améliore son espérance de vie ? Qui réduit les inégalités de revenus ? Qui diminue son empreinte écologique ? Qui continue à investir dans l’avenir ? Qui améliore son niveau d’éducation ? Qui permet à tous d’accéder à un logement décent ? C’est à toutes ces questions que les Français vont devoir répondre. Ce sera ensuite au gouvernement de s’emparer du sujet et d’évaluer les progrès ou les reculs de la France sur tous ces indicateurs lors du budget 2016. »
C’est l’occasion de se (re)plonger dans notre dossier – Bien-être et croissance